La prostitution s’est déplacée au nord de Toulouse
La prostitution, chassée de faubourgs plus centraux par les arrêtés municipaux, s’est déplacée au nord de Toulouse. Les riverains se plaignent de l’insécurité et de l’insalubrité et exigent des solutions.
«Je réside ici depuis 2001 et c’était très bien, avoue Myriam, une riveraine. Depuis 2015, c’est devenu infernal». L’impasse des États-Unis n’a, il faut l’avouer, rien d’attirant. Beaucoup de commerces fermés, des maisons abandonnées, devenues au fil du temps des squats qui font le bonheur des prostituées et de leurs clients.
Depuis quelques années, cette impasse connaît une recrudescence de la prostitution, avec en moyenne entre cinq et dix femmes qui, chaque jour, vendent leurs charmes.
«Toute l’impasse est bloquée, poursuit Myriam. Et jusqu’à la rue de la Glacière, l’autre lieu englué dans ce commerce de la pauvreté», relève une habitante. Jour et nuit, ce ne sont que ballets de voitures, va-et-vient incessant de clients et racolage permanent sous l’œil vigilant des membres de réseau, toujours à l’affût.
Des filles jeunes, souvent issues des pays de l’Est (Bulgarie) qui balbutient quelques mots de français. Thomas, un autre riverain de l’impasse, pointe «l’insalubrité du lieu maculé de préservatifs, de lingettes et de déjections humaines. Un espace quasiment jamais nettoyé». Après une pétition de 50 personnes adressée à la mairie le 23 mars dernier, la Ville a décidé de réaliser le 1er juin, un diagnostic du quartier. Une sorte d’état des lieux.
«Olivier Arsac, adjoint au maire en charge de la sécurité, était présent avec deux représentants de la police municipale et nationale, se souvient Serge Baggi, président du comité de quartier Minimes Barrière de Paris. Les 21 et 27 juillet, deux grosses interventions ont eu lieu. Malgré tout, la situation n’a pas évolué dans le bon sens».
Impasse des États-Unis, la Ville a acquis beaucoup de foncier en vue du futur réseau ferré Nord toulousain, «un beau projet mais pour quand ?, questionnent les riverains. Et, d’ici là, il faut agir».
Naïma, une autre riveraine vient d’acheter une maison dans l’impasse. Un achat qu’elle regrette amèrement. «Devant mon jardin, il y a un terrain plus ou moins délaissé par son propriétaire où les filles viennent faire leurs petites affaires. Un site devenu une décharge à ciel ouvert».
Pour remédier à cette situation jugée dramatique au quotidien, ces riverains, depuis deux ans, demandent que l’arrêté de prostitution de 2015, limité au carrefour Cassagne, soit étendu à cette impasse.
«On demande aussi une amélioration de l’éclairage et l’installation de caméras de vidéosurveillance rue de la Glacière. On ne veut plus être la nouvelle adresse de prostitution de Toulouse».
Repères
Le chiffre : 10
prostituées> impasse des États-Unis. Une dizaine d’habituées hantent l’impasse. Une pétition a recueilli 50 signatures en mars contre leur présence
« Il n’y a pas de solutions pour la prostitution. Trois ans après l’arrêté, d’autres quartiers sont impactés. Ce sont les réseaux que l’on doit démanteler».
Jean-Luc Arnaud, président de l’Amicale du Nid