L’automobiliste, nouveau pigeon à la sauce bordelaise
La dépénalisation du stationnement payant n’a pas fini de faire grincer les dents des automobilistes qui voient les communes lorgner sur leur portefeuille. Partout en France, la nouvelle réglementation verra de nombreuses communes tenter de renflouer leurs caisses sous couvert de fluidité du trafic ou de rotation des places en surface.
Le dernier épisode en date concerne la décision de la mairie de Bordeaux de faire évoluer sa gamme tarifaire à partir du 1er janvier 2018 avec l’application des lois Maptam et NOTRe. Avec la disparition au niveau national du PV de stationnement à 17€, les communes disposent d’un nouveau jouet réglementaire : le forfait post-stationnement (FST) dont elles pourront déterminer librement le montant. En ces temps d’incertitudes budgétaires matérialisées par la baisse des dotations de l’état et le flou autour de la taxe d’habitation, il s’agit pour elles d’un des rares leviers d’augmentation des recettes.
Pas étonnant dès lors que la mairie de Bordeaux ai décidé de majorer le prix du FST à 35 € dans l’hyper centre et à 30€ en dehors. « A 17 euros, pas mal de concitoyens expliquent qu’ils préfèrent jouer avec le risque de prendre une amende, plutôt que de s’acquitter de l’horodateur, expliquait à nos confrères de 20 Minutes Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la vie urbaine et de la coordination de la politique de proximité. Il nous fallait donc trouver un montant de forfait plus dissuasif, sans pour autant tomber dans l’excès. » À Bordeaux, le doublement du prix des amendes de stationnement se voit assorti d’une mesure des plus discutables : l’introduction d’un tarif de stationnement de 35 euros à partir de la troisième heure.
Pour la mairie, ce tarif prohibitif vise à inciter les automobilistes à utiliser les parkings publics et d’ainsi permettre une meilleure rotation des places sur la voie publique. Elle marque toutefois une véritable discrimination entre les automobilistes résidents ou commerçants, qui ne paient qu’une redevance mensuelle comprise entre 15€ et 30€ sans être soumis au même devoir de rotation toutes les deux heures, et les autres.
Pour gérer ce nouveau dispositif, la mairie a en outre décidé de dessaisir la police municipale pour sous-traiter le contrôle du stationnement payant, le recouvrement et la gestion du contentieux à un prestataire privé. La métropole se verra verser un pourcentage des recettes qui fera l’objet d’une délibération en conseil municipal.
À la vue de cette nouvelle organisation qui réduit les dépenses tout en augmentant les recettes, les arguments avancés par la mairie apparaissent comme une tentative un peu vaine de détourner notre attention de ses véritables intentions : faire entrer de nouvelles recettes !
Photo par Thomas Sanson – Mairie de Bordeaux
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