Une zone de non-droit à Bourgfelden ?
Régulièrement, surtout les week-ends, une rue de Bourgfelden, interdite à tout stationnement, est à moitié bouchée par des voitures immatriculées en Suisse. Au grand dam des cyclistes et promeneurs.
Dimanche 13 août, peu avant 16 h : plus de 70 voitures en stationnement illégal.Photos L’Alsace/ D.J.
Le chemin du Lachenweg à Bourgfelden n’a de chemin que le nom. En fait, il s’agit d’une rue ouverte à la circulation, à double sens. Elle prolonge la rue des Romains et aboutit en Suisse, sur la route qui relie Hégenheim à Bâle. Ouverte à la circulation mais strictement interdite au stationnement. Cette interdiction est signalée à plusieurs reprises dans les deux sens, avec ce rappel que la voiture mal garée risque la mise en fourrière.
Le Lachenweg sépare en deux les parcelles des jardins familiaux de Saint-Louis et du FGV (Familiengärtner-Verband). Cette surface, qui appartiendrait à l’hôpital de Bâle, se trouve néanmoins sur le territoire de la République française.
Surtout les week-ends
Tout comme le chemin du Lachenweg est sous autorité française. Vu la configuration du Lachenweg, permettant juste à deux voitures de se croiser sans se frôler, les autorités locales ont décidé d’y interdire le stationnement. C’est leur droit le plus strict.
Or, les promeneurs et cyclistes qui empruntent ce passage doivent faire du slalom dès qu’une voiture arrive dans la seule voie laissée libre. Celle de droite, en venant de Saint-Louis, étant très souvent impraticable puisque désespérément bouchée pas des voitures en stationnement illégal, jusque sous les panneaux interdisant cette pratique. C’est surtout les week-ends et en saison de jardinage que la situation devient critique. Nous nous sommes déplacés à plusieurs reprises et n’avons pu que constater ce que beaucoup d’habitants de Bourgfelden dénoncent. « Le week-end, on compte en moyenne une cinquantaine de voitures, uniquement suisses, avec des pics de 150 véhicules que j’ai déjà comptés » , se plaint une maman qui, avec son landau, ne sait pas trop bien où se réfugier quand une voiture approche face à elle ou dans son dos.
Lors de notre dernière visite des lieux, dimanche, nous avons compté quelque 70 véhicules, tous immatriculés en Suisse. Et pourtant, à droite de la chaussée, ont été aménagés deux grands parkings, partiellement inoccupés ce même jour.
Existe-t-il une convention spéciale entre Saint-Louis et Bâle tolérant le stationnement ? Ni à la police municipale, ni à la police nationale, personne n’est au courant. Cette hypothèse serait étonnante, car les panneaux d’interdiction sont bel et bien implantés.
Manque à gagner
Combien risquent les contrevenants ? Là, la réponse est claire : 135 € pour le stationnement gênant, montant auquel s’ajoutent 112 € pour la mise en fourrière, également à la charge du contrevenant. Or, à en croire les promeneurs et cyclistes du dimanche, il n’y aurait jamais une patrouille dans cette rue. D’après nos sources, la police nationale intervient, entre autres, pour des stationnements dangereux, la police municipale en cas de stationnement gênant. Ce qui est le cas au Lachenweg. Si les témoignages des riverains se révélaient vrais, il s’agirait donc d’une bienveillance incompréhensible de la part de nos services d’ordre. Une bienveillance que l’automobiliste français, fautif en Suisse, ne rencontre guère. Pour le seul dimanche après-midi, le Trésor public aurait pu encaisser plus de 17 000 €, la moitié le dimanche 6 août où nous avons compté plus de 30 voitures. Sans parler des samedis et jours de semaine…
Quand on sait qu’une partie des sommes provenant des contraventions – les règles de redistribution sont très complexes – revient à la commune, on est en droit de se poser la question : pour quelle raison, la Ville fait-elle des cadeaux aux contrevenants ? Et ceci depuis de longues années…