Alors que les banderoles s’agitent autour de la loi Travail, certaines promesses du candidat Macron jouissent toujours d’un taux de popularité élevé. Il en va ainsi du retour d’une police de proximité.
Selon de récents sondages, plus de 84 % des Français y sont favorables. Au mois d’août, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé sa volonté de relancer, tout début 2018, une « police de sécurité du quotidien ». Cette semaine, la ville de Toulouse, comme d’autres avant elle, s’est portée candidate pour l’expérimenter.
« Proximité », « sécurité du quotidien », les mots changent mais la philosophie, qui se dessine d’une plume encore floue, reste la même. Dans un début de quinquennat marqué par des réformes plutôt estampillées de droite, voilà bien un marqueur de gauche. Rappelons que la première expérience fut lancée sous Lionel Jospin en 1999, avant d’être balayée par Nicolas Sarkozy en 2003. Principal motif évoqué : la police n’est pas là pour « organiser des tournois sportifs mais pour arrêter les délinquants ».
On criait alors au laxisme et à l’inutilité… Puis vint, en 2008, la suppression des renseignements généraux… Le maillage territorial en a souffert. Dangereusement. La période des attentats qui s’est ouverte par la tuerie de Charlie Hebdo a montré comment nous étions passés à côté d’une radicalisation rampante. Elle explose désormais au grand jour. Semant terreur, sidération et incompréhension. On n’aurait donc rien vu venir ?
Le retour de ce type de police se doit d’être tout sauf « un coup de com’ » pour satisfaire l’aile gauche des élus locaux. Elle doit être pensée, testée et évaluée par le terrain avant d’être étendue à l’ensemble du territoire.
La réforme voulue par Lionel Jospin n’a pas eu que des réussites. Elle a été mise en place trop vite, sans tenir parfois compte des différences entre les villes et elle s’est avérée très coûteuse.
Dans une période de disette financière, d’essoufflement des forces de police, d’exaspération justifiée au vu du délabrement de certains commissariats, la création d’une nouvelle « pol prox » ne doit pas apparaître comme un pansement sur une jambe de bois.
D’abord, elle doit fédérer l’ensemble de la profession. En 1999, les premières unités, souvent composées de jeunes policiers volontaires, avaient finalement peu de liens avec les autres services et notamment la police judiciaire. Cette fois, la réforme doit favoriser un meilleur dialogue à tous les étages mais aussi avec les forces de polices municipales. On l’a vu, les terroristes (qui ont souvent eu un passé de délinquants), se sont allègrement joués du manque de dialogue entre tous les acteurs du renseignement.
Cette nouvelle police peut être aussi l’occasion d’insuffler à l’ensemble de l’institution une autre culture : celle d’un meilleur dialogue avec les citoyens. Les statistiques sur la délinquance sont une chose. L’appréciation par les usagers du service rendu en est une autre. Le sentiment de sécurité passe aussi par là.