Au bal des menteurs, la vérité progresse mal Meurtre de Quentin Fisset à Toulouse – Assises
Qui a tué Quentin Fisset ? Qui a blessé Florian et Clément ? Devant la cour d’assises, les témoins défilent avec leur vérité, leurs omissions et leurs mensonges. Fastidieux.
«Tout le monde nous enfume. On n’en tirera rien ! Cela dure depuis ce matin. Ça suffit !» Me Guy Debuisson s’emporte. Coup de gueule, coup de poing dans un mur d’approximations et de mensonges. Peu importe que le président Michel Huyette déteste ce genre de sortie. L’invective de l’avocat de la famille de Quentin Fisset joue la clarté et la concision. Un coup d’éclat sans résultat mais qui traduit la difficile journée vécue hier devant la cour d’assises de la Haute-Garonne par les victimes. Elles espèrent toujours la vérité.
Elle semble s’être évanouie dans les pénombres de l’éclairage public toulousain devant le Puerto Habana, la nuit du 11 mai 2014. Hier, avec le défilé des amis des accusés, puis de leurs petites copines, la lumière est restée éteinte. En même temps, dénouer le fil de deux ou trois minutes de bagarre, ponctuées par une salve de coups de tête, de coup de poing, d’un placage cathédrale et au moins cinq coups de couteau, c’est compliqué. Même les témoins de bonne volonté doutent.
«Non, ce n’est pas moi…»
Florian, boucher de profession, ami d’enfance de Quentin Fisset, s’est retrouvé avec les organes de la victime qui sortaient d’une plaie horizontale de 10 centimètres. Qui l’a frappé ? «Pas Alamo Mendes qui se battait à l’écart. Pas Gantois, après le placage, il était sonné…»
«Donc M. Ramirez», tente le président. L’accusé rejette l’hypothèse mais admet : «Nous ne sommes que trois à nous être battus…» Délicate logique mathématique. Et ce garçon plutôt costaud, qui avait vécu une journée de mardi à l’écart des tempêtes de l’accusation s’est retrouvé hier en première ligne. John Gantois, toujours taiseux, a gagné un peu de tranquillité mais son visage grave traduit un mélange d’inquiétude et d’agacement.
Pas autant que David Alamo Mendes. Lui aussi a poussé un coup de gueule devant les «oublis» de l’ex-compagne de John Gantois. Clément, mécanicien poids lourd de petit format, a «goûté» de la force du direct de ce balaise. «Ça m’a sonné», admet ce garçon arcade explosée et frappé, lui aussi, par un couteau. Dans le dos. «Frapper dans le dos, plutôt lâche», note l’avocat général David Sénat, très offensif. Par qui ? La victime est incapable de le dire mais Charli Ramirez attire les soupçons. Et Me Thierry Carrère, avocat de Clément, n’oublie pas Alamo Mendes : «Si vous ne déclenchez pas la bagarre, rien ne se passe !»
Tout ça pour un scooter tombé…