Procès Merah : Abdelkader Merah hésite à condamner les meurtres de son frère
Au deuxième jour de son procès pour « complicité » des meurtres de son frère, Abdelkader Merah s’est montré très à l’aise devant la cour d’assises spéciale de Paris. Il décrit sa vie avant et après sa conversion à l’Islam, mais se montre habile dans l’art de l’esquive .
Au deuxième jour de son procès devant la cour d’Assises spéciale de Paris, Abdelkader Merah jugé pour « complicité » des meurtres de son frère Mohamed Merah à Toulouse et à Montauban a expliqué devant la cour que sa conversion à l’islam avait changé sa vie. Interrogé sur sa personnalité, il a répondu calmement et avec beaucoup d’aplomb aux questions . Comme il le dit lui même, il y a celui d’avant le petit caïd du quartier des Izards fêtard et violent, et celui d’après sa conversion à l’islam, à partir de là, il n’a plus volé « un bonbon ». Très habile, il joue au chat et à la sourie pour tout ce qui touche à la religion. Mais poussé dans ses retranchements, Abdelkader Merah ne condamne les actes de son frère que du bout des lèvres.
On m’appelait « Ben Ben » pour Ben Laden
La voix calme et posée, Abdelkader Merah , droit dans le box des accusés revient longuement sur son parcours familial , une enfance « heureuse » dans le quartier des Izards à Toulouse, jusqu’au divorce de ses parents. Il a 11 ans, à partir de là , tout part en vrille. Son père rentre en Algérie, sa mère chargée d’élever ses cinq enfants n’arrive plus à faire face. Les services sociaux décrivent un climat de violence familiale. Abdelkader Merah se décrit comme un adolescent « agressif, toujours à la recherche des mauvais coups ». Il finit par décrocher un CAP de peintre en batiment, il travaille en interim., il a 19 ans.
« Vous aviez un surnom dans le quartier ? » – lui demande le président, « Oui on m’appelait Ben Ben », « par rapport à Ben Laden » explique Abdelkader Merah, . Le 11 Septembre 2001 quand les tours du World Trade Center s’effondrent, « j’ai crié vive Ben Laden dans les rues, ça m’a collé à la peau ». « »C’était pas une question religieuse, ajoute Abdelkader Merah . A l’époque, j’étais un petit délinquant à mille lieues de l’islam ». Il était appelé par les proches le « Grand Ben Ben », quand son frère Mohamed était surnommé le « petit Ben Ben ».
L’entrée en religion
En 2006, Abdelkader Merah a 25 ans, il se convertit à l’islam, se marie religieusement « par téléphone » avec une amie du quartier . « On a trouvé un tuteur pour nous marier » « Vous savez qu’aux yeux de la loi vous n’êtes pas mariés ? » lui fait remarquer le président, » C’est ma femme au regard du créateur « répond Abdelkader Merah. « L’ entrée en religion a changé ma vie » dit il. Il insiste sur les différences entre culture algérienne, islam et mode de vie occidental.
A cette époque, il fait son premier voyage en Egypte, mais on évoquera plus tard ce nouvel épisode de sa vie, le président a repoussé au 13 octobre l’examen de l’engagement religieux de l’accusé et de sa radicalisation.
Les frères en religion
Quand lle président de la cour d’assises l’interroge sur ses connaissances , Olivier Correl « l’emir d’Artigat » , les frères Clain qui sont devenus la voix des revendications des attentats du 13 Novembre, « ce sont vos amis ? » , « ce sont des « frères en religion « répond Abdelkader Merah.
« Votre frère a tué un musulman » lui fait remarquer Maitre Olivier Morice, l’avocat de la famille de Mohamed Legoual , l’un des soldats tués à Montauban de confession musulmane. « Mon frère est un musulman pêcheur » répond Abdelkader qui condamne les actes de son frère du bout des lèvres. Lorsqu’on lui demande si sa place est en enfer ou au paradis, il hésite : « Je ne sais pas moi, je ne suis pas Dieu. »
Notre reportage avec les familles des victimes très éprouvées par cette confrontation
il est dans l’amalgame, religion , culture , il mélange tout