Démantèlement du campement des Remparts
Le campement sauvage de la rue du Rempart à Strasbourg, installé sur le site depuis le mois de mai a été évacué de ses occupants mardi matin. Les tentes et le matériel qui s’y trouvait ont été mis à la benne et les familles emmenés dans un gymnase, ouvert pour quelques jours.
Le terrain rue du Rempart à Strasbourg évacué et labouré par la ville de Strasbourg. Photo L’Alsace/Jean-Marc Loos
La Ville de Strasbourg et la Croix-Rouge ont emmené ce matin en autobus les familles de demandeurs d’asile qui campaient sur un terrain rue des Remparts. Les tentes et le matériel de couchage et de vie quotidienne dans ce campement, accumulé depuis le mois de mai grâce au soutien de deux associations et de nombreux bénévoles, ont été mis à la benne et le terrain labouré dans la foulée pour éviter toute réimplantation.
Les familles ont été emmenées dans deux sites d’hébergement, dont un, provisoire, dans un gymnase de la Meinau, où des lits de camps et des couvertures ont été installés. Selon Monique Maitte, du collectif SDF, « les familles ont été rapidement recensées avant d’être autorisée à s’installer dans le gymnase ».
« Et après ? »
Pour l’association Strasbourg Action Solidarité dont la présidente, Valérie Suzan, qui s’est beaucoup investie auprès des demandeurs d’asile et surtout des enfants, et qui a assisté, impuissante, à l’opération de démantèlement, « le gymnase ne les accueillera que quelques jours, et après ? » Après, selon leur situation, les migrants seront dispersés dans divers hébergement, pour d’autres, ils seront invités plus ou moins fermement à retourner dans leurs pays d’origine.
La préfecture et la Ville de Strasbourg a annoncé ce matin « la mise en place de solutions adaptées au statut de chaque personne dans le respect de son parcours et de ses droits ». Après le recensement au niveau du gymnase, les personnes vont être orientées « vers différents dispositifs en fonction de leur situation administrative, sociale, familiale et sanitaire ». Et les services de l’Etat comme ceux de la Ville se targuent respectivement d’avoir accordé « une attention permanente depuis leur installation, en particulier pour les personnes les plus fragiles ». Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire déléguée aux solidarités, dans une tribune publiée le 1er octobre dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace », précise même que la Ville de Strasbourg a suivi « de près la situation de ce site depuis le début, dans la proximité, accompagnant les familles, assurant la sécurité, grâce à l’action des services municipaux (Protection maternelle infantile, équipe de rue, CCAS, salubrité, espaces verts, police municipale…). Sur ce site bien entretenu avec le concours des personnes, des commodités de base ont été installées (toilettes sèches, eau froide) ».
Jusqu’à 350 occupants
Des affirmations qui ne reflètent pas l’exacte vérité. Pendant plus de deux mois, les personnes sur le campement ont dû se débrouiller avec deux toilettes sèches. L’accès à l’eau froide n’a été installé que tardivement, en août, de même que deux toilettes sèches supplémentaires, alors même que Marie-Dominique Dreyssé reconnaît que 350 personnes ont séjourné dans le campement !
Entre mai et fin juillet, alors qu’il faisait très chaud, les migrants n’avaient qu’une bouteille d’eau par jour et par personne, fournie par les Restos du Cœur. Des enfants malades n‘ont vu aucun médecin sur le site. S’ils ont été pris en charge médicalement, ce n’est que grâce à Strasbourg Action Solidarité et à des bénévoles. Idem pour l’accès à la nourriture. Des familles entières n’ont mangé que le petit déjeuner fourni par les Restos du Cœur quotidiennement. Là encore, ce sont des bénévoles qui ont assuré une l’intendance.
Enfin, sans l’intervention de deux avocats qui ont fait valoir les droits de ces demandeurs d’asile, des enfants gravement malades seraient encore parmi les familles évacuées ce mardi.