Alain Masse, accusé des viols de deux fillettes : «C’est un complot pour m’accuser»
Accusé de viols de deux fillettes alors âgés de 8 et 9 ans, à Saint-Aignan et Montauban, Alain Masse, 52 ans, a bien eu du mal, hier, à faire face à ses responsabilités au premier jour de son procès devant la cour d’assises. Jusqu’au bout, il a réfuté les viols, sans nier des atteintes sexuelles. Il encourt une peine de 20 ans de réclusion.
Veste de survêtement bleu ciel, cheveux poivre et sel, blessure récente à l’arcade, Alain Masse, accusé d’avoir violé entre 1991 et 1993 à Saint-Aignan, et de 2010 à 2015 à Montauban, deux sœurs alors qu’elles avaient 8 et 9 ans, a bien eu du mal à faire face à ses responsabilités.
Dès la première suspension intervenue au bout d’une heure de procès, le quinquagénaire faisait une chute. Ayant trébuché sur les quatre marches donnant accès au box des accusés, il se blessait à nouveau à l’arcade. Les secours étaient joints. Avant l’ouverture du procès, Alain Masse avait déjà fait un «malaise» lui ayant ouvert l’arcade. Durant une demi-heure de flottement, les avocates des parties civiles, Mes Charlotte Lévi et Valérie Durand, craignaient un report, voire un ajournement du procès : l’accusé devant être un moment transporté à l’hôpital pour y réaliser des examens de contrôle. À la demande toutefois du président Alain Gaudino, le mis en cause était reconduit dans le box. Les débats se poursuivaient avec l’interrogatoire de l’accusé. Ce dernier demeurait intangible sur ses dernières déclarations. «Il y a beaucoup de mensonges dans ce qui est dit contre moi. Ce qui est vrai, c’est qu’à partir de 2014, j’ai eu des relations sexuelles avec Marie (le prénom a été modifié). Elle était d’accord, et on s’envoyait des messages tout le temps», assurait Alain Masse. «Elle avait donc 13 ans à l’époque», précisait le président. Le juge n’omettait pas aussi de rappeler aux jurés que durant plus d’une année après le placement en détention provisoire de l’accusé en février 2015, celui-ci avait réfuté encore cette relation par un courrier adressé à la juge d’instruction.
«c’est trop dur»
Empêtré dans ses contradictions, Alain Masse n’a pas non plus beaucoup éclairé la Cour sur sa personnalité. Ayant refusé de se livrer tant à l’enquêteur de personnalité qu’aux experts psychiatres, le quinqua maintenait le mystère sur sa possible agression sexuelle alors qu’enfant de la Ddass, il était placé dans une famille d’accueil de ses 7 à 18 ans. «On a besoin de vous entendre sur cela ?», le poussait son avocat Me Emmanuel Tricoire tentant de sortir son client de son mutisme. «Je n’en parle pas. C’est trop dur», lâchait-il de sa voix rocailleuse. «Les pédophiles reproduisent souvent ce qu’ils ont eux-mêmes subi enfant», poursuivait le président. «J’ai dû faire des fellations quand j’étais petit à des proches de ma famille d’accueil», finissait-il par avouer. «Et celle que votre sœur vous a faite, en 1993 lorsque vous aviez 27 ans ?», enchaînait le juge. «C’était consenti, et nous n’avons pas été élevés ensemble» «C’est votre sœur biologique : cela reste de l’inceste !», le retoquait A. Gaudino. Et le magistrat de poursuivre : «Vous avez une relation avec une fillette de 13 ans alors que vous en avez 48. Il y a aussi cette relation avec votre sœur, tout cela ne vous choque pas ?»
Balbutiant, A. Masse allait finir face à Lora (sa première victime, aujourd’hui âgée de 34 ans) par se déclarer victime «d’un complot» visant à l’accuser. «Un coup monté mais pourquoi faire ?», le reprenait l’avocate générale. «Je ne sais pas mais je lui dis en face, je ne lui ai rien fait», garantissait l’ancien disque-jockey. «Vous dîtes être amoureux de Marie, et vous couchez en même temps avec sa mère», continuait Bérangère Lacan confirmant l’absence totale de repère moral de l’accusé. La déposition de l’un des fils de l’accusé n’apportait guère de salut à sa défense. Bien au contraire. «Il nous faisait faire des choses avec ma cousine et il regardait», témoignait le trentenaire.