Bébé secoué : le père risque 12 ans de prison
À l’issue du procès en appel de Thibaud Couchies, qui avait mortellement secoué son fils Théo, encore bébé, en 2013, l’avocat général de la cour d’assises de Tarbes a requis 12 ans de prison contre lui.
Un silence de plomb s’abat sur la cour d’assises de Tarbes. À la barre, la mère de Théo raconte la souffrance d’avoir perdu son enfant, avec une époustouflante dignité. «Je veux honorer la mémoire de mon fils. Ce n’est pas qu’un bébé secoué, c’était aussi un enfant. Le plus beau cadeau de ma vie. (…) J’ai encore le droit de vivre et lui n’a plus cette chance. (…) Je m’en voudrais toute ma vie d’avoir fait confiance à Thibaud ce soir-là. Il a échoué en tant que père mais moi aussi en tant que mère, car je n’ai pas su protéger mon petit garçon.»
Seuls les bruits de mouchoir et de bois craquant viennent perturber ce récit poignant entremêlé de sanglots. «Pendant 3 ans, jusqu’au premier procès, mon deuil a été fondé sur de mauvaises choses. Thibaud a toujours été exemplaire et jamais violent. Il n’a pas voulu tuer notre enfant mais ce n’est pas un accident.» Et son ex-compagne d’implorer le militaire de 32 ans. «J’aimerais que tu le reconnaisses et que tu dises simplement ‘pardonne-moi’.»
Après avoir suivi en visioconférence l’intervention d’experts légistes détaillant les causes de la mort qu’il a donnée à son enfant de 2 mois et demi le 30 octobre 2013, Thibaud Couchies s’est plié aux volontés de la jeune femme. «Je m’en veux d’avoir détruit ta vie, de t’avoir enlevé ton fils aimé, confie-t-il, en larmes. Je te demande pardon, je demande pardon à Théo mais aussi à ta famille et à la mienne, car vous subissez tous les conséquences au quotidien de ce geste dont je suis responsable.» Puis, incité par son avocate Me Emmanuelle Leverbe, il finit par lâcher : «Non ce n’était pas un accident.»
Groggy dans son box, l’accusé aura plus de mal à satisfaire aux questions de la cour. «Pourquoi avoir fait ce geste contre votre fils ?» «Pourquoi ne pas avoir appelé les urgences quand vous avez vu qu’il allait mal ?» «Pourquoi avoir tout caché lors de la garde à vue ?» Soit autant d’interrogations de la présidente Dominique Coquizart auxquelles seul un silence assourdissant répondra.
Lors de la soirée tragique, Thibaud Couchies a violemment secoué son fils sans lui tenir la tête, entre deux et cinq fois. Voyant Théo dans un état anormal, il était prêt à partir à l’hôpital avec un ami, invité pour la soirée pendant que sa compagne était au cinéma. Mais il s’était finalement ravisé. Ensuite, quand la justice s’était saisie de l’affaire, il n’avait avoué son meurtre qu’au terme de 42 heures de garde à vue.
Autant d’éléments perturbants, comme cette conversation SMS suivie, tout au long du soir du drame, avec une collègue de l’armée. Feignant l’amnésie sur le sujet, l’accusé s’est attiré le courroux de la présidente et de l’avocat général Dominique Boiron. «On peut venir devant la cour en appel, mais il faut avoir des choses à dire !»
Lors de sa plaidoirie, Me Leverbe s‘échinera à montrer que «le choc émotionnel «peut être à l’origine des atermoiements de son client et que «le passage à l’acte s’explique par plusieurs facteurs», quand l’avocate des parties civiles, Me Barnaba parlera «d’un homme qui n’était pas agacé par des pleurs mais perturbé dans un jeu de séduction» pour expliquer ce meurtre.
Un lourd réquisitoire
«C’est un comportement que même les animaux sauvages n’ont pas», «avec des militaires comme vous, pas besoin d’ennemis.» L’avocat général a été dur envers Thibaud Couchies lors de son réquisitoire, l’accusant même d’être à l’origine d’une ancienne fracture retrouvée sur le crâne de Théo lors de son autopsie. Alors que l’homme avait été condamné à 10 ans de prison en première instance, Dominique Boiron a demandé «au moins 12 ans de réclusion criminelle.»