Deux ans de prison pour l’incendiaire
Un Villeneuvois de 45 ans a été jugé hier pour «tentative de destruction de biens par incendie» et «destruction de biens par incendie» commis le 8novembre dernier à Villeneuve-sur-Lot. L’homme qui totalise 13 mentions à son casier et qui a passé 13 ans et 10 mois de sa vie en prison, était renvoyé hier devant le tribunal en comparution immédiate. Ayant déjà été condamné par la cour d’assises pour braquage, le prévenu tombait automatiquement sous le coup de la récidive.
Il met le feu à un étendoir à linge
Dans la nuit du 7 au 8novembre, il avait mis le feu dans son immeuble, rue de la Convention, devant la porte du logement de son voisin au rez-de-chaussée en incendiant un étendoir à linge. Mais il allumait aussi un foyer au 2e étage, tout en prenant soin d’alimenter ces incendies avec des plantes et divers objets. Fort heureusement, il n’y aura pas de victime. La perte de son jeu de clés retrouvé plus tard sous son lit par la police, aurait attisé le sentiment que tout le monde lui en voulait dans l’immeuble. Des occupants avec lesquels il est brouillé ou en colère suite à une dénonciation à la police. Hier à la barre, il a plaidé l’état de démence, tout en reconnaissant les faits: «Oui, j’ai dû faire n’importe quoi !». Mais le même soir, l’homme qui était alcoolisé se rend dans un bar tenu par deux gérantes qui, le voyant arriver les mains en sang et excité, refusent de le servir. Il les menace de revenir et de mettre le feu. Face aux interrogations du président, il répond: «Sûrement ! Si elles le disent, ça doit être vrai !». Une des gérantes raconte que dix minutes plus tard, il était de retour, qu’il a retiré son haut de vêtement enflammé avec un briquet et entortillé sur la poignée de la porte du bar, puis il a placé un tonneau en bois pour les enfermer à l’intérieur. «Je voulais m’immoler moi, déjà !», assure-t-il : «Tout le monde se foutait de ma gueule». «Vous alliez tout faire exploser car vous êtes revenu déposer une bouteille de gaz de 13 kg, certes vide», rajoute le président. «J’avais les mains en sang, je venais de me faire agresser». Mystérieuse agression, sans dépôt de plainte. «Donc vous en vouliez à la terre entière et vous vouliez tout faire sauter ?», résume le tribunal. Il n’a pas démenti : «Je voulais crever, mais pas tout seul !».
Natif du Maroc, il a été évalué par un expert psychiatre qui le présente comme ayant un QI élevé et un bon niveau en français. Il a expliqué à l’enquêteur social avoir fait médecine en prison, 8 ans. Son avocate, Me De Behr, est perplexe : «Vous avez passé votre bac en détention ? Quelle spécialité ?». «Oui ,un bac S», lui rétorque le prévenu. «Et vous avez obtenu votre première année ?»…«Oui !».
Tendances affabulatrices
Des allégations qui la font pencher en faveur des tendances affabulatrices décrites par l’expert qui pointe malgré une intelligence supérieure, «des traits psychopathologiques et psychotiques, une propension à se dire victime de complot et de persécution avec la construction d’une interface mégalomaniaque et narcissique accompagnée d’un processus délirant». Mais il reste néanmoins accessible à une sanction pénale.
Pour la procureure, les faits sont graves et les résidants ont été plongés dans l’angoisse. Elle réclame quatre ans dont un an avec sursis et mise à l’épreuve.
Pour Me De Behr, son client n’avait «pas toute sa tête». Elle cite des séjours réguliers à la Candélie et dernièrement à Cadillac d’où il vient de sortir. La défense demande un quantum de peine raisonnable pour favoriser des soins et explique qu’il est capable de se tenir à carreau.
Le prévenu a été condamné à trois ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l’épreuve.