Selon une étude publiée jeudi par l’Institut national d’études démographiques (Ined), les violences dans l’espace public touchent plus les jeunes femmes et interviennent le plus souvent dans les grandes villes et plus particulièrement en Île-de-France.
Sifflements, drague importune, insultes, agressions physiques ou sexuelles : les jeunes femmes des grandes villes sont les plus touchées par les violences dans les espaces publics, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée jeudi.
Une femme sur quatre (25 %) dit avoir été victime d’au moins une violence dans la rue, les transports ou autres lieux publics pendant l’année précédant l’enquête. La plus forte proportion (20 %) fait état de sifflements et interpellations sous prétexte de drague, décrits dans une large majorité des cas comme sans gravité par les intéressées.
8 % des femmes interrogées déclarent avoir été la victime d’au moins un fait grave, relevant le plus souvent de violences physiques ou sexuelles, selon cette étude qui analyse une partie des résultats de l’enquête « Virage » (violences et rapports de genre), réalisée en 2015 auprès d’un échantillon de 15 556 femmes et 11 712 hommes de 20 à 69 ans.
Les habitants d’Île-de-France déclarent plus d’incidents
Chez les hommes, 14 % déclarent au moins une violence, dont 5 % font état d’au moins un fait qu’ils considèrent comme grave.
Dans le détail, 8 % des femmes interrogées disent avoir été au moins une fois la cible d’insultes. 3 % disent avoir été suivies avec insistance, 2 % avoir été victimes de pelotage accompagné parfois de baisers forcés, 1 % de propositions sexuelles insistantes, tandis que 1 % ont eu affaire à un exhibitionniste ou voyeur et 1 % ont été frappées ou secouées brutalement.
« Lorsqu’une femme est victime de plusieurs faits, elle rapporte la plupart du temps qu’il s’agit d’auteurs différents », souligne l’étude. « Les cas de faits répétés perpétrés par un même auteur sont exceptionnels dans les espaces publics ».
Ces violences interviennent le plus souvent dans les grandes villes : les habitants d’Ile-de-France sont les plus nombreux à en déclarer dans l’enquête, tandis que les habitants des zones rurales sont ceux qui en déclarent le moins.
Emmanuel Macron a confirmé le 25 novembre la création prochaine d’un nouveau délit d’« outrage sexiste », pour permettre à la future police de proximité de verbaliser les auteurs de harcèlement de rue.
Cette disposition, qui sera incluse dans un projet de loi sur les violences sexistes et sexuelles devant être soumis au Parlement au premier semestre 2018, viserait des actes répétés de harcèlement, mais pas des situations telles que les sifflements.
Ce sont les plus jeunes qui sont le plus souvent confrontés à des situations de violence dans l’espace public : 58 % des femmes de 20 à 24 ans et 30 % des hommes de cette tranche d’âge ont déclaré au moins un fait, et respectivement 21 % et 10 % au moins un fait grave.
Dans l’ensemble de la population, ces chiffres signifient que près de 3 millions de femmes par an subissent dans l’espace public une situation de drague importune, et que plus d’un million subissent des situations de harcèlement et d’atteintes sexuels, a calculé l’Ined.
Les hommes sont pour leur part plus de 1 million à avoir subi des insultes, et près de 750.000 à avoir subi des violences physiques.