Grenoble : un numerus clausus pour les débits de boisson ?
Jean-Baptiste AUDUC
Les tensions croissent en centre-ville. L’installation de bars causeraient différentes nuisances et ces deux dernières années, nombre de pétitions et lettres ont été adressées aux élus. D’après les habitants, tous les commerces seraient remplacés par des débits de boissons…
Il est 2 h du matin, un samedi soir. Dans la rue Auguste-Gaché, un des points chauds de la nuit grenobloise, les sept bars ferment leurs portes et les étudiants se pressent dehors dans le brouhaha. Si la plupart des débits de boissons sont installés depuis longtemps, un collectif d’habitants du quartier des Antiquaires est né récemment. En lien avec l’Union de Quartier Notre-Dame, le collectif a adressé une lettre ouverte au préfet et au maire Éric Piolle le 23 septembre.
Ils dénoncent des « nuisances sonores […qui..] sont réellement de nature à porter atteinte au repos nocturne et à la santé des habitants ». Et d’énumérer les « troubles de la concentration, de la vigilance, les dépressions », qu’ils subissent et s’appuient sur les données issues du sonomètre installé dans la rue.
Ces appareils montrent des taux élevés jusqu’à 2 h du matin, notamment rue Auguste-Gaché. « Le seuil de tolérance a été dépassé, mais on constate en général que cela est dû à un établissement en particulier », assure Antoine Back, élu de secteur 2 qui martèle : « nous voulons préserver la santé publique, mais il n’y a pas de solutions magiques. Nous sommes mobilisés avec des interventions, des rencontres, et des verbalisations quand c’est nécessaire. »
Habitants aux aguets
Si la mairie souhaite une entente cordiale, l’élu ne peut que reconnaître une « érosion de la biodiversité des commerces. On voit moins de boulangeries ou de cordonniers. » Désormais, certains habitants du centre-ville agissent en amont, pour empêcher l’ouverture de débit de boisson. Le Dr. D, installé 1, rue des Clercs, en a fait les frais. « Ils ont contesté les permis de construire déposés durant l’été », explique Damien Veau, propriétaire du bar, qui a perdu une partie de chiffre d’affaires. « Le voisinage l’a bien « emmerdé » alors que ce n’est pas un mauvais bougre », assume Gérard Hudault, qui appartient à l’Union de quartier Notre-Dame.
Ce dernier questionne : « Quelles sont les marges de manœuvre de la mairie ? » A. Back lui répond : « on s’est renseigné sur un numerus clausus. Mais la loi ne dit rien à ce sujet. » Tout en expliquant que sur le cas Auguste-Gaché, la police municipale est très impliquée. « La police attend la fermeture des bars pour sévir au lieu de nous aider quand des clients traînent trop », dénonce quant à lui Jesse Luquet, gérant du Sinesthète. « Il reste un point d’équilibre à trouver », conclut l’élu A. Back.
Jean-Baptiste Auduc
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