Un cœur de verdure à deux pas de la ville pour cultiver son propre jardin, l’idée est belle. Mais depuis quelques mois, ce petit coin de paradis s’est transformé en enfer pour certains habitants de par la multiplication des délits dans les jardins familiaux du quartier des Vergnes, à Clermont-Ferrand.
Des vols à répétition
Sur place, les cabanons en bois ont laissé place à des cabanes faites de bric et de broc par les locataires à la suite d’incendies répétés. Barricadé derrière des fils barbelés qui surmontent sa clôture, Hammou Bara, 77 ans, cultive son jardin depuis plus de dix ans. Il est épuisé par les incivilités et les délits qui se répètent. Il y a deux mois, il s’est fait voler ses outils. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
« Ça me dégoûte… Je n’ai même plus envie de faire le jardin. Tu fermes ou tu ne fermes pas, c’est pareil, ils entrent comme ils veulent. Je ne me sens pas en sécurité. »
Un peu plus loin, Murat Temur, 47 ans, est ici depuis trois ans. « J’en ai marre. Mon cabanon a été brûlé deux fois. La dernière fois, c’était en novembre. Là, on a reconstruit mais on se demande chaque jour, quand est-ce que ça va recommencer ? »
Un jardin qui lui permet de manger « naturel » mais qui lui sert également de lieu de vie. « Ma femme est malade. C’est très important pour elle de sortir de chez nous et de venir dans le jardin pour se déstresser. Mais là, on ne peut pas ! Nous, ce que nous voulons, c’est faire notre jardin tranquillement. »
Si du côté de l’opposition, Jean-Pierre Brenas (LR) déplore « un lieu abandonné par la municipalité où les habitants ne sont plus en sécurité », Philippe Bohelay, adjoint en charge de la vie associative, ne nie pas le problème. « Qui peut nier, aujourd’hui, qu’il n’y ait pas de problèmes dans les jardins familiaux des Vergnes ? Personne ! Nous ne nions pas le problème et ça devient insupportable à la fois pour les jardiniers, pour les habitants et pour la Ville aussi. »
Pourtant, la situation ne va pas en s’améliorant. « Depuis un an, la situation s’est considérablement dégradée, avoue l’élu. Nous en sommes conscients et la police fait un travail de fond remarquable avec les moyens qu’elle a, dans le respect des lois existantes. »
« Nous allons compenser les dégradations subies par les jardiniers en ne percevant pas les loyers à la fin de l’année »
PHILIPPE BOHELAY (adjoint au maire )
Un problème complexe auquel la municipalité veut apporter des réponses. « Il faut d’abord que le gouvernement consacre des moyens supplémentaires pour la police nationale car, avec ces faits, nous dépassons le cadre de la tranquillité publique, liée à la police municipale, » poursuit Philippe Bohelay.
« Le rétablissement d’une véritable police de proximité »
« Il faut aussi qu’il y ait le rétablissement d’une véritable police de proximité pour créer des lignes de travail communes, que l’arsenal répressif soit renforcé et permettre juridiquement à la collectivité de pouvoir expulser plus rapidement les bandes itinérantes qui s’installent illégalement sur le territoire public. Il y a une responsabilité collective vis-à-vis de cette situation. Bien sûr, nous allons compenser les dégradations subies par les jardiniers en ne percevant pas les loyers à la fin de l’année. Mais concrètement, on ne peut pas mettre un agent de sécurité à l’année dans les jardins comme on ne peut pas mettre un policier derrière chaque citoyen. C’est un sujet très grave nous en sommes conscients et nous ne nous résignons pas. »
Rémi Pironin