Affaire Marie Laguerre : son agresseur condamné à 6 mois de prison ferme
L’homme qui avait frappé une étudiante a aussi l’obligation de suivre des soins psychologiques et l’interdiction de rentrer en contact avec la victime.
Par Louis Chahuneau
L’agresseur de Marie Laguerre a été condamné à 12 mois de prison, dont 6 mois ferme, avec une mise à l’épreuve de 3 ans. Il est aussi condamné à verser 2 000 euros de préjudice moral à la victime. Il a également l’obligation de suivre des soins psychologiques, de trouver du travail et l’interdiction de rentrer en contact avec la victime et d’aller dans le XIXe arrondissement de Paris. Enfin, les juges l’ont obligé à suivre un stage de responsabilisation et de prévention des violences sexistes.
La vidéo de l’agression avait fait le tour du monde. Le 24 juillet dernier, il est 18 h 35 quand Marie Laguerre, 22 ans, rentre chez elle dans le 19e arrondissement de Paris. Un homme commence à la suivre. Puis il lui adresse des « bruits, commentaires, sifflements, coups de langue sales, de manière humiliante et provocante », comme elle le raconte ensuite sur Facebook. « Ce n’était pas le premier de la journée. Ni de la semaine », a-t-elle affirmé au Point. La jeune étudiante se retourne et lui lâche un « Ta gueule », alors que l’individu s’éloigne. Il entend l’injonction, se retourne, contourne la terrasse d’un bar, attrape un cendrier et le lance dans la direction de Marie. Puis il s’approche de la jeune femme et la gifle si violemment qu’elle vacille. Puis l’homme repart en marchant. Des témoins, y compris le patron du bar, assistent à la scène, filmée par une caméra de vidéosurveillance qui a permis l’identification de l’agresseur.
Interpellé trois jours plus tard, l’individu, âgé de 25 ans, a reconnu les faits et a été placé en détention provisoire. Une première audience s’est tenue le 30 août. Firas M. était jugé pour « harcèlement sexuel » et « violences avec arme » ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) inférieure à 8 jours, mais le procès a été renvoyé au 4 octobre à la demande de la cour afin qu’une expertise psychologique plus approfondie soit menée. D’après Noémie Saidi-Cottier, l’avocate de Marie Laguerre citée par Libération, la qualification de « harcèlement sexuel », retenue au moment de l’enquête, a finalement été abandonnée par le parquet.
Selon l’AFP, au moment de l’agression, Firas venait d’être hospitalisé trois semaines en service psychiatrique. Il y avait été placé le 4 août, après avoir été arrêté pour avoir jeté des cailloux sur une voiture près des Champs-Élysées. Il tenait alors des propos incohérents. Le jeune homme, décrit comme sans domicile fixe, n’en était pas à sa première arrestation. Huit condamnations sont inscrites dans son casier judiciaire, notamment pour vol, proxénétisme et violences, comme l’a rapporté Europe 1. Né et élevé en Tunisie, il est arrivé en France avec sa mère, à l’âge de 8 ans.
Procès symbolique
Depuis cette histoire, Marie Laguerre a largement médiatisé son agression pour encourager les femmes harcelées à parler. « Nous ne devons plus nous taire », avait-elle déclaré sur Facebook le lendemain de son agression. La jeune femme a même lancé une plateforme web, Nous toutes harcèlement, et recueilli plus de 1 000 témoignages de harcèlement de rue. Selon l’enquête « Virage » de l’Ined (Institut national d’études démographiques), au moins 600 000 femmes sont victimes de violences sexuelles chaque année en France, un chiffre très probablement en deçà de la réalité.
« J’ai conscience du caractère symbolique de ce procès. Surtout que ce fait est intervenu en plein débat sur la loi sur le harcèlement de rue », explique Me Saidi-Cottier. Interrogée par Le Point, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, estime que Marie Laguerre est « très courageuse d’incarner ce combat », et que « toute décision qui peut faire jurisprudence est bonne à prendre, comme la première condamnation pour outrage sexiste, [fin septembre] à Évry ».
Selon Me Saidi-Cottier, sa cliente « ne cherche pas la tête de l’accusé, mais elle veut faire avancer le débat. Elle se sent une responsabilité par rapport aux nombreuses victimes de harcèlement de rue. » À l’issue de la première audience, l’avocate du prévenu avait dénoncé devant les journalistes une « surmédiatisation de l’affaire » alors que les « faits restent relativement peu graves ».
Quant à Marie Laguerre, si elle a reçu beaucoup de messages de soutien, y compris de l’étranger, elle a aussi été victime de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. « Elle est assez fatiguée », décrit son avocate. La jeune femme vient d’entrer en école d’architecture. Elle va enfin pouvoir passer à autre chose et se reconcentrer sur ses études.