Affaire Seznec. Un nouveau procès après la découverte d’ossements ?
Coup de théâtre à Morlaix, près d’un siècle après la disparition de Pierre Quéméneur. Des ossements ont été découverts dans l’ancienne propriété familiale. S’ils appartiennent effectivement au conseiller général, une révision du procès sera forcément engagée.
L’une des plus retentissantes affaires judiciaires rebondit depuis samedi. Des fouilles privées, menées par une bande de passionnés, ont permis de mettre au jour un os, très probablement humain selon les premières constatations.
Depuis, la justice a repris en main les fouilles. Ce dimanche matin, la police judiciaire est sur place. Un deuxième fragment d’os a été découvert, sans que l’on sache pour le moment s’il est humain ou animal.
Expertise ADN
Sans preuves et sans aveux, Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre, un an plus tôt, de Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère, avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture. Mais le corps de Quémeneur n’a jamais été retrouvé.
Lire aussi : Chronologie d’une affaire sans cadavre
La découverte d’ossements dans le sol de ce cellier, accréditant un témoignage du fils de Guillaume Seznec, laisse peu de doute sur la personne à qui ils appartiennent. Qui d’autre pourrait avoir été enterré à cet endroit ?
Si de nouveaux ossements sont découverts, ils pourraient être facilement rattachés au conseiller général, selon Denis Langlois, ancien avocat d’une partie de la famille Seznec. « On connaît sa taille – 1,60 m -, une fracture ancienne au nez, son relevé dentaire, dont un certain nombre de dents en or ».
Il faudra surtout attendre une expertise ADN. Quéméneur n’a pas eu d’enfants. Mais un descendant, par sa sœur, vivrait à l’étranger. La comparaison des deux ADN pourrait confirmer qu’il s’agit bien du conseiller général.
Quatorze demandes de révision
Dans ce cas, une procédure de révision du procès de Seznec devrait être mise en route. Depuis 1924, quatorze demandes ont été rejetées, la dernière en 2006.
Une enquête a été confiée à la police judiciaire de Rennes, pour « recherche des causes de la mort », comme à chaque fois que des restes humains sont découverts.
« Jusque-là, la justice ne s’était pas du tout intéressée à cette théorie », rappelle Denis Langlois, qui a révélé, dans un livre en 2015, la possibilité que Quéméneur ne soit pas mort en région parisienne mais à Morlaix.
Selon sa théorie, il aurait été mortellement frappé ou repoussé par Marie-Jeanne, alors qu’elle refusait ses avances.
A noter que s’il s’agit bien de Quéméneur, rien ne permet pour le moment d’affirmer que cette version est la bonne. Le conseiller général pourrait avoir été tué ailleurs et enterré à Morlaix.