Agde : ils avaient monté un véritable supermarché de la drogue A.K.
Un couple a été condamné à 5 ans et 3 ans avec maintien en détention. En centre-ville d’Agde, ils avaient monté un supermarché de la drogue qui avait pignon sur rue.
Elle pose une tête amoureuse sur l’épaule de son mari. Il fixe, de son visage tatoué, la salle qui peine à contenir la famille de la jeune femme. Ils comparaissent tous deux pour trafic de stupéfiants et se retrouvent pour la première fois, côte à côte, depuis leur placement en détention provisoire le 21 avril.
Quatre jours avant, on a perquisitionné dans l’immeuble qu’ils occupent, rue Hoche, à Agde. On y découvre 1,5 kg d’herbe de cannabis planqué dans le plafond de l’ascenseur, 110 g de cocaïne et 837 barrettes et pains de haschich, une balance et un pistolet automatique calibre 7.65. Dans un des appartements sous les toits, 17 kg d’herbe sont cachés près du soupirail ainsi que 3,9 kg de résine de cannabis et 1 000 €.
Un véritable bunker
La résidence ressemble à un bunker. Une caméra, installée par des locataires, en surveille l’entrée et une porte a été montée pour barricader un couloir. Des jeunes gens vont et viennent, et prendront à partie les policiers. Depuis janvier, l’immeuble est dans le collimateur des enquêteurs.
On y a dénoncé un trafic de stupéfiants, une sorte de supermarché de la drogue. Parallèlement, les propriétaires se sont plaints. Plus personne ne veut louer leurs appartements, effrayés par l’atmosphère qui y règne. Une seule famille a fini par occuper la moitié des 15 logements.
Des va-et-vient incessants
Depuis des mois, on en surveille les va-et-vient incessants. Plusieurs personnes sont interpellées en possession de stupéfiants. Toutes donnent le nom de leur fournisseur, un certain Snatch, au profil gauche complètement tatoué. Sa femme livrerait elle aussi et jouerait les recouvreurs de dettes, selon la maîtresse du prévenu, cousine de son épouse. Ce témoin a déménagé : « Pour éloigner mon fils utilisé comme revendeur par ce couple »
La prévenue nie son implication : « Je réglerai plus tard cette histoire d’adultère. Je me retrouve en prison, éloignée de mon fils de 7 ans, à cause de lui. Mais je ne quitterai jamais cet homme dont je suis folle. Je me doutais de son trafic mais dans ma communauté gitane, on ne pose pas de question, on obéit, c’est tout ». Le prévenu reconnaît a minima : « La drogue ne m’appartenait pas entièrement. J’ai avoué n’importe quoi pour faire sortir ma femme de prison ».
« Il utilisait des mineurs, même très jeunes, pour livrer »
Le parquet voit en lui la tête du trafic : « Il utilisait des mineurs, même très jeunes, pour livrer. Les témoins ont peur de lui. » Il requiert 5 ans pour lui, condamné à 14 reprises déjà, avec interdiction de séjour dans l’Hérault pendant cinq ans et trois ans pour elle, avec maintiens en détention : « Elle manipule, dissimule, était en liberté conditionnelle ! ».
L’avocat de la prévenue plaide la relaxe ou la requalification en infraction consistant à vivre habituellement avec une personne se livrant au trafic de stupéfiants. L’avocate du prévenu demande une mixité de la peine. Le tribunal a suivi les réquisitions à la lettre.