Hier après-midi, le tribunal correctionnel de Troyes a condamné Bocar N’Diongue à deux ans de prison, dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Délai durant lequel il devra s’astreindre à une obligation de soins, de travail et d’indemniser les parties civiles. Il a également été interdit de séjour dans le territoire de l’Aube durant trois ans.
Le jeune prévenu, 20 ans le mois dernier, mais déjà plusieurs mentions au casier judiciaire (notamment pour vols), était jugé selon la procédure de comparution immédiate. Cela faisait quinze jours qu’il était sorti de prison.
Des contusions ayant entraîné huit jours d’incapacité totale de travail
Retour sur les faits. Samedi dernier, en fin de matinée, le magasin Fnac à Troyes est le théâtre d’une scène pour le moins violente et remarquée par les chalands. Course-poursuite dans l’escalier puis dans la galerie marchande, suivie d’une violente altercation entre deux individus, dont le prévenu, soupçonné de vols (une enceinte Bluetooth), le vigile, le directeur de l’établissement et un client venu au secours de ce dernier. Le directeur fera valoir de multiples contusions ayant entraîné huit jours d’incapacité totale de travail après avoir été « violemment jeté au sol après une «balayette». Sa tête a cogné par terre », rapporte aux policiers ce client. Il s’interpose, et parvient à maintenir le prévenu avant de prendre un coup qui lui fera lâcher prise. Le prévenu prend alors la fuite, comme l’a fait l’autre individu.
Arrivés de Paris en train le matin même
Plus tôt dans la journée… les deux comparses sont arrivés de Paris par le premier train du matin. Dès 8 h 30, le binôme se fait repérer par des caméras de surveillance, en train de voler des bières dans une supérette troyenne. Une heure plus tard, ils sont à nouveau filmés dans un magasin de vêtements de sport à Saint-Julien-les-Villas en train de dérober une paire de baskets et divers vêtements de marque. Et c’est vers 11 h 20 que la police municipale interpelle Bocar N’Diongue à quelques rues de la Fnac, quelques minutes après l’agression du directeur et du client.
« Je ne me rappelle plus, on avait bu de l’alcool toute la nuit sur Paris. On venait voir ma copine à Troyes, et on voulait s’amuser. » Si le prévenu reconnaît les vols avec son« pote », il nie avec assurance les coups portés : « Je ne suis pas violent, je peux le jurer sur la tête de ma daronne ».
Une défense qui ne parvient pas à convaincre. D’autant que lors du contrôle de police, l’éthylotest affichera un taux d’alcool nul. « Trois témoins disent la même chose », insiste la présidente. « Ils voulaient m’attraper », s’insurge le prévenu. Quant à son « pote » (toujours en fuite depuis cet épisode à la Fnac), Bocar N’Diongue restera flou : « Il vit sur Paris et dort au sous-sol d’un parking du quartier de la Défense ».
Trois vols en trois heures et des violences pour s’enfuir
Le prévenu, célibataire, sans enfants et sans emploi, vit actuellement chez sa tante en région parisienne et serait en couple avec Maria, une Troyenne dont il dit ne pas connaître le nom. En revanche, malgré son jeune âge, Bocar N’Diongue est déjà connu de la justice parisienne et troyenne (produits stupéfiants et vols).
À défaut de projet professionnel, il dit financer sa propre consommation de drogue et d’alcool, grâce à ces vols. « Le prévenu a été formellement identifié par les images de vidéosurveillance, souligne le substitut du procureur, Julie Caro. Les versions des responsables de magasins et des témoins sont concordantes. Il commet trois vols en trois heures et des violences pour s’enfuir », insiste la magistrate.
Pour elle, la culpabilité du prévenu ne fait aucun doute. Elle demandera la requalification de « vols en récidive légale » et mettra en exergue ses condamnations précédentes, avant d’insister sur « une réitération des faits, quinze jours après sa sortie de prison ». Pour tout cela et pour mettre fin à tout trouble à l’ordre public, le substitut du procureur a requis deux ans de prison avec mandat de dépôt, interdiction de séjour dans le territoire de l’Aube durant trois ans et la confiscation des scellés.
Son avocat avancera la « forte immaturité » de son client. Et demandera que la justice « donne à nouveau un cadre et des moyens pour l’aider à avancer et entamer une formation ».
À l’issue de l’audience, Bocar N’Diongue retourne en prison.