Alain de Peretti : « Nous avons gagné une grande bataille contre l’abattage halal ! »
Alain de Peretti, président de Vigilance halal, revient sur la décision du tribunal administratif de Paris qui vient d’interdire l’abattage halal dans les abattoirs de Seine-et-Marne : « Ce jugement nous donne totalement raison. Cela va relancer toutes les autres actions. »
Grande victoire pour l’association Vigilance Hallal puisque le tribunal administratif de Paris vient d’interdire l’abattage hallal pratiqué dans les abattoirs de Seine et Marne.
On a en effet gagné une grande bataille décisive. C’est le début d’une reconquête. On n’a pas encore gagné la guerre, mais on va continuer à oeuvrer dans ce sens.
La genèse est extrêmement longue. La justice prend son temps. Lors de la création de Vigilance Hallal, nous avions décidé de faire valoir les règles de droit de la science et du simple bon sens pour arriver à terme à une interdiction de l’abattage hallal dans notre pays.
Il faut rappeler que cette pratique est autorisée uniquement sur dérogation préfectorale. Les préfectures sont chargées de s’assurer que toutes les règles sont respectées conformément au cahier des charges. Quand on lit la littérature administrative, on a l’impression que tout est encadré. En réalité, quand on a l’habitude de travailler dans ce domaine, on voit bien que ce n’est qu’un théâtre d’ombres qui, la plupart du temps, ne correspond à aucune réalité sur le terrain.
On a perdu en première instance sous prétexte que c’est un document commercial non communicable. C’est ce qu’on appelle le secret des affaires. Nous ne sommes pas un concurrent commercial.
Nous avons concentré notre action sur la Seine-et-Marne et plus particulièrement sur l’abattoir de Meaux parce que nous pouvions nous appuyer sur un reportage télévisé. En effet, en 2012, France 2 avait intitulé cette vidéo ‘’ la viande dans tous ses états’’. Un éleveur avait été contacté et filmé en caméra cachée lors de la réception de ses animaux à l’abattoir de Meaux. Il voulait qu’ils soient abattus de façon normale, c’est-à-dire avec étourdissement. Le réceptionniste lui disait que tout était hallal dans cet abattoir. Il n’y avait plus aucune dérogation. On y faisait n’importe quoi.
Malgré cette vidéo, nous avons perdu en première instance.
Nous avons obtenu la victoire pour ce département le 18 décembre. Il nous donne totalement raison malgré les termes un peu flous de l’interdiction. Cela entraîne ipso facto l’arrêt de l’abattage hallal dans les six abattoirs du département. Nous allons veiller à son application par envoi d’huissiers. Cette affaire n’est donc pas terminée.
Dans la mesure où cette affaire crée un précédent, cela vous permet-il de relancer toutes les autres actions en cours contre les autres abattoirs ?
Tout à fait. Ce sera à nouveau en première instance, mais on aura quand même une jurisprudence pour nous.
Ils seront bien obligés de plier devant nos arguments absolument imparables.
Nous avons appris par le biais de cette Cour d’appel que le registre des commandes était composé de feuilles volantes manuscrites et de mails avec éventuellement un vague tableau annuel. C’est donc du grand n’importe quoi.
La préfecture de Seine-et-Marne et, je suppose, toutes les autres, par lâcheté, par incompétence ou par bienveillance pour la pratique de la charia, ont laissé faire de façon totalement irresponsable.
Selon les arguments qui justifieraient qu’il n’y a pas de tenue de registres est que certains abattages seraient faits en remise directe. Pour parler clairement, ce serait des achats faits directement chez un boucher ou à des particuliers. On ne sait pas.
Ils sont vraisemblablement effectués hors la vue des règles fiscales et sociales, et certainement avec des paiements en espèce.
Cela nous permet d’avancer dans le troisième pilier du hallal : l’aspect financier. Les circuits financiers sont particulièrement opaques et c’est la règle dans ce marché.
Alain de Peretti
Dr vétérinaire