Angers. La légalité du bar d’extrême-droite en questions
L’Alvarium, lieu de rencontres de militants identitaires, est ouvert depuis un mois à Angers. Les pouvoirs publics s’interrogent sur son statut. Une manifestation réclamant sa fermeture est prévue samedi 24 février.
L’Alvarium, bar associatif localisé dans un appartement d’un immeuble d’habitation du 85 de l’avenue Pasteur à Angers, a été inauguré samedi 27 janvier.
Depuis un mois, ce lieu de réunion de militants d’extrême-droite est ouvert du mercredi au samedi, de 20 h à minuit.
Comment se définit l’Alvarium ?
Baptisé Alvarium (la ruche en latin), il affiche une orientation politique « résolument identitaire » sur sa page Facebook. « Menant depuis plusieurs mois déjà une action sociale au service de ceux que l’Etat préfère ignorer, l’Alvarium est une communauté et un lieu de réunion convivial et militant », se présentent ses instigateurs.
Les jeunes militants, dont font par exemple partie les fils de l’ancien chef de file du FN au conseil régional, organisent régulièrement des « maraudes » en ville. Objectif affiché : apporter nourriture ou vêtements aux personnes sans domicile fixe de nationalité française.
Pourquoi l’Alvarium est-il sous les feux des projecteurs cette semaine ?
Le Réseau antifasciste angevin (Raaf) ainsi qu’une quinzaine d’associations et organisations syndicales appellent à sa fermeture. Samedi, une manifestation est organisée à 15 h sur la place Imbach.
« Disposer d’un lieu de sociabilité est pour eux un enjeu crucial afin de garantir leur recrutement et amplifier leur capacité de nuisance. Nous ne pouvons accepter une telle menace tapie aux marges d’un quartier populaire », explique le Raaf.
Comment réagissent les pouvoirs publics ?
Une réunion a été organisée jeudi dernier à la préfecture pour évoquer le dossier. Services de police et de la Ville d’Angers y étaient présents. En jeu, même si la préfecture se refuse à tout commentaire, des interrogations qui se déclinent sur plusieurs registres.
Il s’agit d’abord de vérifier si le lieu respecte les normes de sécurité et d’accessibilité, en tant qu’établissement recevant du public (ERP). Vendredi, les pompiers du service risque bâtimentaire, mandatés par la Ville, se sont rendus sur place.
Issue de secours, extincteurs, détecteurs de fumée… « Pour le moment, on vérifie que le lieu a la capacité à réguler et évacuer les personnes qui s’y trouvent »,note Jeanne Behre-Robinson, adjointe au maire en charge de la sécurité. Soit « a priori 19 personnes », pour une surface de 80 m2.
« A priori, il n’y a pas de problème majeur », commente un proche du dossier. Le rapport des pompiers n’a pas encore été rendu à la Ville.
Sur quels aspects la légalité du lieu peut-elle être contestée ?
Au-delà des questions de normes, il y a l’éventuel désordre que peut générer le lieu. Jeanne Behre-Robinson ne le cache pas : « On se serait bien passé d’un tel endroit. Ce n’est pas la meilleure publicité et l’image qu’on souhaite pour la ville. Le sujet est sensible mais les incantations ne suffisent pas : on est dans un Etat de droit, il y a des règles à respecter. La liberté d’expression est importante… à condition qu’elle ne dérape pas. »
« Mais tant qu’il n’y a pas de trouble à l’ordre public… » souffle un policier. De son côté, le Raaf évoque « des agressions verbales à caractères racistes » contre des habitants du quartier. Sans qu’elles aient, a priori, donné lieu à dépôt de plaintes.
En revanche, la police nationale et la police municipale sont déjà intervenues, le week-end dernier. Pas pour la question de la vente d’alcool : vin et bière sont autorisés dans ce type d’établissement. Il s’agissait de tapage.
Les interventions se sont conclues par un simple avertissement. Elles n’en ont pas moins déclenché la colère des militants identitaires, dont certains se sont pris aux policiers via Facebook. La température ne devrait pas forcément redescendre d’ici samedi.
Un auteur identitaire invité samedi
C’est un des visages de l’univers des identitaires que l’Alvarium reçoit samedi soir. Julien Langella vient y participer à une « soirée-débat », selon les termes des militants.
Agé de 30 ans, il est l’un des cofondateurs de Génération Identitaire en 2011 et vice-président de l’association Academia Christiana qu’il a rejoint en 2013, il est l’auteur du livre Catholiques et identitaires.
Les organisateurs invitent « tous les défenseurs de l’identité française et européenne » à venir débattre sur « le rapport entre la foi et notre héritage, menacés tous deux par le libéralisme et le marxisme sociétal ». Les choses sont claires, de quoi poser encore davantage le décor de la journée de samedi.
Source:: Angers. La légalité du bar d’extrême-droite en questions