Après la saisie record de 653 kg de cocaïne près de Toulouse, deux Finlandais incarcérés
Interceptés lundi soir sur une aire d’autoroute, au sud de Toulouse, deux Finlandais qui transportaient 653 kg de cocaïne ont été mis en examen hier à Bordeaux. Tous deux ont été incarcérés. Un long voyage de plus de 2000 kilomètres entre le Portugal et la Hollande s’est arrêté lundi soir au sud de Toulouse, sur l’aire de l’A 61 de Toulouse-sud, commune de Deyme. La faute aux douaniers de la brigade «volante» de Frouzins qui ont voulu vérifier le chargement de ce camion néerlandais. Au milieu de 1 800 kg de poissons surgelés rangés dans des cartons, d’ailleurs un peu fragilisés par des soucis de chaîne du froid, un sacré chargement : 653 kg de cocaïne (nos éditions précédentes). Une marchandise estimée à 20 millions d’euros par le parquet de la Jirs, la Juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux qui a pris en charge ce dossier. Les douanes augmentent cette évaluation à 55 millions d’euros sur le marché de la revente illicite des produits stupéfiants.
Hier, le parquet de la JIRS a ouvert une information judiciaire. Les deux hommes, âgés de 60 et 54 ans de nationale finlandaise, ont été mis en examen et incarcérés sur décision du juge des libertés et de la détention.
Deux profils très différents
Le profil de ces deux hommes diffère, comme leurs déclarations face aux enquêteurs de la police judiciaire lors de leur garde à vue à Toulouse puis hier après-midi devant la juge d’instruction à Bordeaux.
Le plus âgé, défendu par Me Alexandre Parra-Bruguière et Me Yves Faure, affirme depuis son arrestation qu’il ignorait ce que contenait le camion. Il aurait été payé environ 1 500 € pour prendre un avion en fin de semaine dernière depuis la Finlande jusqu’au Portugal puis conduire l’ensemble routier à travers l’Europe. «Il a été incarcéré parce que la juge veut vérifier ses explications, souligne son défenseur. Mais ses propos sont cohérents. Et quand il a pris le volant, lui qui est un professionnel de la route, la remorque avec la marchandise était scellée.»
Cette «version» aurait été confirmée par le deuxième suspect, défendu par Mee Eric Mouton et Guillaume Faugère. Le profil de cet individu est beaucoup moins lisse. Ce «biker», ancien membre d’un club de Hells Angel d’une ville de l’Est de la Finlande, a déjà été condamné pour trafic de stupéfiants dans son pays natal, en 2013. Il aurait passé trois ans en prison après avoir été arrêté avec 800 g d’amphétamines. «En Finlande il existe plusieurs groupes de bikers et les autorités savent qu’ils jouent un rôle important dans le trafic de drogue», confie un journaliste finlandais. Ce suspect, qui vivrait en Espagne après avoir également vécu en Suède, est resté peu disert face aux enquêteurs de la police judiciaire et pas plus bavard devant la juge d’instruction.
Délicat de parler quand on perd une marchandise de plusieurs dizaines de millions d’euros. «Il est surtout fatigué par quatre jours de garde à vue. Il s’expliquera plus tard», prévient son avocat Me Mouton.
Dès mardi, le parquet de la Jirs a saisi la police judiciaire pour mener l’enquête, avec la direction interrégionale de Bordeaux, dont dépend Toulouse mais également l’OCRTIS, l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants. Des enquêteurs français qui devraient rapidement travailler avec leurs collègues finlandais, via Europole.
Hier dans un communiqué, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics a félicité les «douanières et douaniers de Toulouse pour la grande qualité de leur travail et pour leur investissement sans faille dans la lutte contre les trafics de stupéfiants et la criminalité organisée».