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SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

Armement de la police municipale : les maires y sont-ils favorables?

Un rapport parlementaire, rendu au Premier ministre le 11 septembre, préconise l’armement obligatoire de la police municipale. Dans le Calaisis, les maires se montrent partagés.

Par J.W.

Faut-il armer tous les policiers municipaux ? Un rapport parlementaire, remis au Premier ministre Édouard Philippe le 11 septembre dernier, répond par l’affirmative à cette question. Le rapport est piloté par deux députés de La République en marche : Jean-Michel Fauvergue, élu de Seine-et-Marne et ancien patron du Raid ; et Alice Thourot, une avocate spécialisée dans le droit immobilier.

« Tous les policiers doivent être armés pour leur propre sécurité »

Philippe Mignonet

Le document, composé de 78 propositions, plaide pour une montée en puissance de la sécurité privée et des polices municipales, et propose notamment l’armement obligatoire des agents municipaux « sauf décision motivée du maire ». «  Il ne s’agira pas nécessairement d’imposer l’armement permanent de tous mais bien d’acter le fait que tous peuvent être en situation de l’être  », écrivent les deux députés.

À Calais, les policiers municipaux sont armés de tasers et de flashballs depuis l’été 2015, et d’armes à feu depuis 2016. Au-delà de l’aspect répressif, l’armement a dans un premier temps un rôle dissuasif. «  Jusqu’à maintenant, les policiers municipaux n’ont jamais eu à se servir de leurs armes en dehors des entraînements, souligne Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité. Tous les policiers doivent être armés pour leur propre sécurité. Il y a aussi une question d’image. Être armé leur donne une crédibilité supplémentaire.  » Aucune inquiétude de la part de l’élu : «  Tout est très bien encadré, insiste-t-il, et les policiers ont parfaitement conscience du risque pénal qu’ils encourent en cas de mauvaise utilisation de leur arme  », autrement dit sans respecter le cas de la légitime défense.

Du côté de Coquelles, le maire se dit également favorable à l’armement obligatoire de la police municipale. «  Nous avons deux policiers municipaux armés depuis décembre 2015. À l’époque, j’ai estimé que c’était normal sur le plan sécuritaire, explique Michel Hamy. Ils sont susceptibles d’être exposés au danger lors de leurs missions. La délinquance n’est pas sanctuarisée et n’a pas de frontières. Ça touche toutes les communes.  »

Le rapport parlementaire ne convainc toutefois pas toutes les mairies. À Oye-Plage, le maire estime que le problème est abordé dans le mauvais sens. «  On se tourne vers le local pour pallier le national alors que la sécurité est une fonction qui doit être très régalienne selon moi  », déclare Olivier Majewicz.

La maire d’Audruicq, quant à elle, n’est « pas totalement contre » l’armement obligatoire mais ne se montre pas convaincue. «  Il faut laisser le choix de la réflexion aux maires et non l’imposer car la formation des agents et l’équipement représentent un coût important. Après, c’est la collectivité qui tire la langue  », fait remarquer Nicole Chevalier.

« Ce renversement ne sert pas à grand-chose, à part mettre certains maires en porte-à-faux. »

Pierre-Henri Dumont

Pierre-Henri Dumont, ancien maire de Marck et député Les Républicains, ne croit pas que l’armement obligatoire soit une solution miracle : «  Au lieu de demander l’armement de leur police, les maires devront demander une dérogation pour que les policiers municipaux ne soient pas armés. Ce renversement ne sert pas à grand-chose à mon avis, à part mettre certains maires en porte-à-faux. Je veux dire par là qu’il est plus facile de présenter une délibération en conseil municipal pour faire armer sa police que pour proposer de la désarmer ! Parce qu’évidemment, en cas de problème, on leur reprochera de l’avoir fait…  »

 

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