Assises des P.O. pour le martyre de Rosine : 30 ans et 18 ans de prison pour le couple de meurtriers
Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint en France. Le 16 septembre, le décompte macabre a endeuillé la ville de Céret. Dans les mois qui ont suivi, toutes les affaires de violences conjugales jugées au tribunal de Perpignan feront référence au drame qui a endeuillé et fortement ému la capitale du Vallespir. Ramon, 47 ans, et Sandrine, 46 ans, font face à leurs juges et jurés. Ils sont poursuivis pour avoir volontairement et avec préméditation donné la mort à Rosine Roig, épouse de l’accusé.
Enfant de la balle
Ramon est enfant de la communauté gitane. A 6 ou 7 ans – il dit avoir des difficultés avec les dates – sa maman lui promet qu’elle sort un moment et qu’elle lui ramènera des bonbons. Il ne la reverra que bien des années plus tard. Cette trahison le hantera toute sa vie. Il ne voudra pas faire sa vie avec une gitane, parce que pour lui, elles abandonnent leurs enfants. Et lui, le guitariste de flamenco, au physique d’acteur de Carmen, lui le bel hidalgo qui multiplie les conquêtes, deviendra fou de douleur lorsqu’il imaginera que son épouse peut « lui » faire la même chose. Ils se sont connus au Lycée, Rosine à 17 ans, ils auront trois enfants. Lorsque lassée des coucheries et des crises de jalousie féroces de Ramon, Rosine retourne chez ses parents, il n’aura de cesse de récupérer son épouse. Le 12 juillet, elle signalera des menaces de mort répétées à la gendarmerie de Céret. Entretemps, Ramon s’est mis en ménage avec une ancienne camarade de classe qui a toujours été amoureuse de lui. Tous deux se sont retrouvés grâce à Facebook. Ce mal du siècle dira le président et cerdan Régis Cayrol.
Blessée de la vie
Sandrine est fille d’une famille du nord venue s’installer en Pays Catalan. Elle décrit sa fratrie comme le vrai moment de bonheur dans sa vie. Elle a quatre frères et sœurs auxquels sont venus s’ajouter des enfants adoptés qui feront partie intégrante de la famille. Elle se marie avec un médecin. Ils auront trois enfants, mais elle décrit une vie cloîtrée, coupée de sa famille chérie. Elle décide de fuir, retourne en Pays Catalan où elle se mettra en ménage avec Ramon. « Il était bigame » et se partageait entre elle et Rosine « je l’acceptais ».
Jalousie de macho
Ramon ne supporte pas le départ de Rosine. Il la poursuit tous les jours, va la voir dans la boulangerie de ses parents, fini par l’enlever et l’emmener chez son frère à Bordeaux. Rosine a peur de lui, de ses réactions, ne lui dit jamais qu’elle a vraiment l’intention de rompre, elle parle d’un break, d’une pose, d’un temps pour réfléchir. Elle espère que la passion pour elle s’amenuisera avec le temps. Mais Ramon ne supporte plus cette séparation. Un jour, il soupçonne un joueur de rugby d’être l’amant de sa femme, un autre c’est son propre frère. Lorsque ses crises le poussent à téléphoner au rugbyman, il est menacé par toute l’équipe de Céret, alors il achète une arme.
Repérée grâce à un mouchard
Le 16 septembre 2013 au soir, Ramon décide à nouveau d’enlever son épouse. L’arme est dans la boîte à gants. Il se munit de chatterton et d’une chaîne et va attendre son épouse devant un appartement qu’il a repéré grâce à un mouchard qu’il avait lui-même cousu dans le sac d’école de leur fils. Sandrine attend au volant. Ramon saisit Rosine par le cou, puis l’entraîne par la main vers le véhicule. Ramon explique qu’à cet instant, il a l’intention d’emmener une nouvelle fois Rosine chez son frère à Bordeaux. Mais ils se dirigent vers Ortaffa. Un coin de campagne isolé, repéré à l’avance, où il y a un trou. Et là les explications divergent entre Ramon et sa maîtresse. Lui, raconte qu’il voulait seulement s’expliquer avec son épouse et que c’est Sandrine qui l’a obligé à prendre l’arme. Dans un accès de colère, il tire et tue son épouse. Sandrine donne sa version : elle a été déposée à l’écart et elle n’a pas assisté à la dispute. Elle n’aurait même pas entendu les deux ou trois coups de feu tirés ce soir-là, comme elle n’a pas entendu les cris des Rosine à Céret, lors de son enlèvement alors que des voisins les ont signalés aux gendarmes. Le corps de Rosine est enterré dans le trou avec les outils qu’ils ont récupérés chez la mère de Sandrine. Sandrine affirme toujours qu’elle n’a rien vu. Mais Ramon affirme que c’est Sandrine qui l’a enterrée. Fou de douleur, Ramon ramène Sandrine à Perpignan. Elle dit alors ne se douter de rien. Ramon va se rendre à la police puis accompagne les agents sur les lieux du crime. Ramon est incarcéré. Dans sa cellule, il s’est muni d’un téléphone malgré les interdictions de l’administration et ce sont les écoutes sur le téléphone de Sandrine qui entraineront l’incarcération de cette dernière et sa mise en accusation.
Le jugement du couple a été rendu mardi. Au bout de quelques heures de discussion le jury a délivré son verdict. Ramon écope de 30 ans de prison dont 20 ans de sureté, Sandrine de 18 ans de prison ferme.