Attaque contre des militaires à Levallois : le suspect arrêté
publié le 9 août 2017 à 14h24, modifié le 9 août 2017 à 17h46.
FRANCE
Une nouvelle attaque a visé les forces de l’ordre mercredi lorsqu’une voiture-bélier a blessé six soldats à Levallois-Perret (Hauts-de Seine), avant d’être interceptée dans l’après-midi sur une autoroute dans le Pas-de-Calais, et le principal suspect arrêté.
Après plusieurs heures de cavale, l’homme a été arrêté sur l’A16 au niveau de Leulinghen-Bernes (Pas-de-Calais) lors d’une interpellation “musclée”: il a été blessé par des tirs de policiers alors qu’il tentait de fuir. Un policier “a été blessé par balle à la jambe lors de l’intervention”, selon une source policière.
Trois cents policiers traquaient depuis le début de matinée le véhicule qui a pris la fuite après avoir percuté un groupe de soldats de l’opération Sentinelle, quatre jours après l’intrusion d’un homme armé qui voulait attaquer des militaires à la tour Eiffel.
Sur fond de forte menace terroriste en France, le gouvernement a dénoncé un “acte délibéré”, et le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête.
Les enquêteurs ont confirmé que le véhicule de location intercepté dans le Pas-de-Calais avait percuté les militaires à Levallois-Perret.
L’homme interpellé, né en 1980, est le suspect “principal, à ce stade”, a souligné le Premier ministre Edouard Philippe.
“Tous les moyens sont mis en oeuvre pour neutraliser” le ou les auteurs de l’attaque, avait souligné après le Conseil des ministres le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
La ministre des Armées, Florence Parly, a condamné un “acte lâche qui n’entame en rien la détermination des militaires à œuvrer pour la sécurité des Français”, et rendu visite avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb à trois des blessés à l’hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne).
Les militaires visés font partie du 35e régiment d’infanterie de Belfort.
L’état de santé des militaires blessés “n’inspire plus d’inquiétude”, selon le chef du gouvernement.
La ville cossue de Levallois-Perret abrite notamment la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’attaque s’y est déroulée peu avant 08H00 en plein centre-ville, dans une rue piétonne et devant un immeuble HLM de 12 étages où les militaires de Sentinelle disposent d’un local au rez-de-chaussée.
Débat sur Sentinelle
“Une voiture qui était dans le quartier est arrivée” vers le groupe de soldats, “elle roulait doucement, à 5 mètres à peu près des militaires, elle a accéléré de manière à pouvoir les percuter”, a expliqué M. Collomb.
“J’ai entendu un énorme bruit”, a raconté à l’AFP Thierry Chappé, un résident de l’immeuble, qui a vu depuis son balcon “deux militaires à terre, semblant inanimés”, entourés d’une dizaine d’autres soldats.
Sur le lieu de l’arrestation, dans le Pas-de-Calais, des dizaines de policiers cagoulés étaient mobilisés, avec des camions de pompiers et ambulances, a constaté un journaliste de l’AFP. L’A16 était a été fermée dans les deux sens.
Un hélicoptère du Samu s’est posé avant d’emporter, vraisemblablement, un blessé.
“J’ai vu des voitures me doubler rapidement, avec les gyrophares. Je me suis arrêté. Les gendarmes sont sortis, ils ont couru derrière leur véhicule et commencé à tirer. Ca a pétaradé un petit peu à droite et à gauche”, a raconté à l’AFP un routier témoin de l’interpellation.
“J’ai vu une personne sortir du véhicule (…). Après les coups de feu, j’ai vu la personne tomber et après je me suis mis à couvert”, a-t-il ajouté.
Depuis janvier 2015, la France est visée par une vague d’attentats jihadistes qui a fait au total 239 morts. Les derniers ont tout particulièrement visé les forces de l’ordre, sur des sites emblématiques.
Samedi soir peu avant minuit à la tour Eiffel à Paris, un homme avait forcé un contrôle puis sorti un couteau en criant “Allah Akbar”, avant de se rendre.
L’homme a dit pendant sa garde à vue vouloir “commettre un attentat contre un militaire”. Il a été réadmis lundi en psychiatrie, en hospitalisation d’office.
Selon M. Collomb, c’est “la sixième fois” que l’opération Sentinelle, qui mobilise 7.000 soldats en permanence en France depuis 2015, est visée.
L’emploi massif de soldats sur le territoire national fait débat: certains politiques – surtout à droite – et militaires s’interrogent sur son efficacité, alors que les armées sont déjà très engagées sur les théâtres d’opérations extérieures, dans un contexte budgétaire tendu.
Le 14 juillet, le président Emmanuel Macron a annoncé que Sentinelle allait être revue “en profondeur”.