Au Havre, l’escroc trop impatient avait détourné des dizaines de milliers d’euros
Justice. Le Comorien est allé se plaindrede la lenteur du virement bancaire qu’il a imaginé.
Pour le parquet, les actes commis par Dadi Chaarini s’inscrivent dans une organisation professionnelle bien rodée. « Un mode opératoire astucieux ? Professionnel ? Sa façon d’être interpellé n’a rien d’astucieux ou de professionnel, balaye l’avocate du prévenu de 34 ans. Il est allé se jeter, tout seul, dans la gueule du loup. » Trop pressé. Le 27 octobre 2011, l’homme originaire des Comores est interpellé dans une banque de Caucriauville, au Havre. Il s’impatiente que son dernier virement n’ait pas encore été réalisé par les employés. Le responsable de l’agence lui demande d’attendre sur place. La police va venir le chercher.
Pour « survivre »
À compter de janvier 2011, Dadi Chaarini ouvre de nombreux comptes bancaires au Havre à l’aide de fausses attestations de logement et de sept passeports qui, s’ils sont de vrais documents venant d’administrations, ne lui appartiennent pas. En garde à vue, le Comorien se dit dans « une situation compliquée » en France. Il ajoute avoir eu besoin de ce stratagème pour « survivre ». Quand il ouvre un compte bancaire, il reçoit des moyens de paiement. Grâce à ces derniers, à des virements et à des mandats-cash, il détourne des sommes qui avoisinent chaque fois 1 000 €. Au profit de complices, telle sa compagne de l’époque. Le préjudice pour les banques grimpe à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Dadi Chaarini s’exprime au commissariat.
Il offre le prénom d’une personne ayant pu lui expliquer le mode opératoire et lui fournir les passeports. Les enquêteurs font le lien avec une série d’escroqueries similaires à Marseille. Dadi Chaarini était déjà connu de la justice de Nîmes pour de faux documents ayant permis sa venue en France. « Il a continué dans ses expériences criminelles. » Le parquet ne peut que le constater. Trois ans ferme et un mandat d’arrêt sont requis. Si l’intéressé a chargé une avocate de plaider sa cause, il ne s’est pas présenté à la barre. Deux ans ferme sont prononcés par les juges.
Matthias Chaventré |