Barcelone: un Toulousain raconte l’horreur
Attentats de Barcelone et Cambrils
La douleur, Michel connaissait. Celle des coups pas toujours francs reçus lors de sa carrière de talonneur au club de rugby de Portet-Sur-Garonne. Ou celle qu’il s’impose lors de la course à pied, les 100 kilomètres de Millau. À Barcelone, ce quadra de Plaisance-du-Touch a appris ce qu’était la terreur. Jeudi, il est attablé, avec Carole sa compagne, à la terrasse du café «Le Zurich», place de Catalogne» quand surgit l’horreur à trente mètres : «Tu le vis mais tu ne sais pas ce qui se passe. On a entendu le choc de l’entrée et des cris de morts. Le plus impressionnant, c’est le bruit, ça a tapé, claqué. Je n’ai jamais entendu des cris comme ça. Ensuite, il y a un mouvement de panique. On a fini au sol contre un mur.» «Je me suis vue mourir dans ce bar. Michel m’a protégée en se couchant sur moi», murmure Carole en le serrant dans ses bras. Comme si l’image la hante encore.
Quand ils se relèvent, hébétés, ils ramassent leurs téléphones et leurs portefeuilles restés sur leur table, l’une des rares qui n’avait pas été renversée par la bousculade. Les premiers secouristes sont déjà là et emportent avec eux les parasols des terrasses pour protéger les victimes.
Et puis, trois à quatre minutes plus tard, un deuxième mouvement de panique. Michel poursuit son récit : «C’était plus violent, plus général. C’est là où tout a volé, les chapeaux, les claquettes. À ce moment-là, c’est l’inconnu. Tu ne sais pas d’où ça arrive et comment. Je me suis dit mais qu’est-ce qui va se passer. Un type va arriver avec une kalachnikov ? On ne savait plus où aller parce que cela arrivait de partout. On n’a pas vu de corps mais les cris, c’était terrible…». «On s’est tenu la main, on ne s’est pas lâchés et on est partis à l’opposé», glisse Carole. Très vite, Michel comprend qu’il s’agit d’un attentat : «Je l’ai lu dans les visages. La peur, la terreur. J’ai compris pourquoi on appelle ça des terroristes…»
Ils regagnent alors leur hôtel situé à 700 mètres. Choqués. Et les premiers flashs qui remontent. «Huit minutes auparavant, on traversait la rue avant de s’installer en terrasse.» Ils suivent ensuite le récit des événements sur internet et à la télévision. Mais en début de soirée, leur décision est prise : «Cela nous a fait rentrer le vendredi au lieu du dimanche. On n’avait plus envie de passer dans cette rue. Et puis, quelque part, tu as peur car il y a un homme qui n’a pas été retrouvé.»