Beauvais : excédés par l’insécurité, les habitants d’Argentine crient leur colère

La tension monte dans le quartier Argentine de Beauvais. Après les fusillades des dernières semaines, l’incendie criminel de la pizzeria Franceska, mardi matin, est le fait divers de trop pour des habitants excédés et inquiets. Ce mercredi, une quarantaine de personnes, élus, commerçants, habitants, se sont réunies pour dire leur exaspération. « C’est important de sentir le quartier uni, estime Freddy Ali Yahia, le vice-président des commerçants et propriétaire de la pizzeria qui a brûlé. Il n’y a pas de résignation, car ce serait donner raison aux délinquants, mais de la colère. »

Après deux mois éprouvants, l’émotion est très vive chez les habitants. « On n’en peut plus, j’ai peur pour mes enfants, lâche une mère de famille. Il y a eu les coups de feu, maintenant un incendie… Il faut quoi de plus pour que la ville bouge ? Un mort ? Pourquoi les CRS ne sont pas là pour chasser les trafiquants ? Si je pouvais déménager, je partirai tout de suite. » Caroline Cayeux, maire (LR) de Beauvais, a d’ailleurs envoyé un nouveau courrier au préfet, mercredi, pour demander des actions. Pourtant, presque autant que le manque de policiers, c’est l’absence de la municipalité qui agace à Argentine.

Caroline Cayeux, absente ce mercredi, est ainsi une cible de choix. « Elle est où quand un des quartiers de sa ville brûle ? », demande Roger. « On la voyait derrière Fillon à la télévision, mais ça fait des mois qu’elle n’est pas venue ici, continue-t-il. Elle nous a abandonnés et a préféré tout faire pour le quartier Saint-Jean. Qu’elle ne s’étonne pas si le FN arrive en tête à Beauvais et dans le pays. » La municipalité, par la voix de Franck Pia, premier adjoint (UDI), a de nouveau évoqué, mercredi « la réouverture d’une antenne de police municipale ou nationale » dans le quartier.

Autre sujet de préoccupation, la vidéoprotection qui a montré ses limites sur les derniers événements. « La caméra qui donne sur la place de France est cassée, déplore Franck Pia. La réparer ne sert à rien car nous devons la déplacer pour la rendre inaccessible. Mais nous devons obtenir une autorisation préfectorale. » Une nouvelle définition des périmètres à surveiller pourrait résoudre en partie les problèmes. « Les périmètres déclarés seraient plus grands et on pourrait bouger les caméras dans ce périmètre selon nos besoins et sans autorisation supplémentaire, précise Franck Pia. Compte tenu du contexte, nous allons essayer d’avoir ces modifications pour le prochain conseil municipal du 12 mai. »