La victime avait été retrouvée à Béziers au mois d’août, un mois après le crime. L’homme mis en examen pour ce crime était sur le point de sortir de prison quand son ADN a parlé.
À quelques heures près, il aurait pu échapper à la justice. Un ressortissant polonais a été mis en examen et écroué le 28 octobre dernier à Béziers, pour le meurtre d’une quadragénaire, retrouvée morte à son domicile cet été. L’homme, qui a reconnu les faits, a été identifié in extremis par son ADN, et interpellé de toute urgence par les enquêteurs de la brigade criminelle du SRPJ de Montpellier. Car lorsqu’il a été identifié, il était en cours d’expulsion vers son pays natal, après une brève incarcération à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone.
« Ca s’est joué à un jour près », reconnaît Yvon Calvet, le procureur de la République de Béziers. Le 16 août dernier, le propriétaire d’un appartement situé au 19 rue Debes, tout près du lycée privé la Trinité, dans le centre-ville, se décide à appeler les pompiers. Il est sans nouvelles de sa locataire, Nora Khaldi, 49 ans. Et plusieurs habitants de ce petit immeuble s’inquiètent de l’odeur épouvantable qui se dégage de son logement.
Autopsie ordonnée
À peine à l’intérieur, les pompiers appellent la police. Car dans l’une des pièces se trouve le cadavre de la locataire, et les circonstances de sa mort sont suspectes. Le corps a été caché sous des tapis et des vêtements, un ventilateur tourne, comme si on l’avait branché pour masquer les émanations, et le logement a été verrouillé de l’extérieur : les clés ne sont pas dans la serrure.
Une autopsie est ordonnée, qui ne permet pas de déterminer précisément les causes du décès de la malheureuse. Le parquet ouvre une information judiciaire pour meurtre, et saisit le 21 août le SRPJ de Montpellier. Pour la PJ, l’enquête est difficile : la victime vivait dans un milieu marginal, fréquentant beaucoup d’individus dans le monde de la toxicomanie. Seule indication : elle a sans doute été tuée le 8 juillet, car son téléphone cesse alors d’émettre, avant d’être utilisé, deux jours plus tard, par un autre utilisateur, qui y insère une nouvelle carte Sim. Dernier souci : plusieurs objets semblent avoir été dérobés, mais personne n’en retrouve trace.
« Il dit avoir saisi un objet, et l’avoir frappée à plusieurs reprises »
Le 25 octobre, l’enquête fait un pas de géant : l’un des ADN inconnus, prélevé sur la scène de crime, vient d’être identifié. Il correspond à celui d’un SDF polonais, qui est incarcéré depuis quelques semaines à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone. Et qui doit être expulsé, avant le week-end, vers la Pologne.
Au lieu de retrouver la liberté, le suspect a la mauvaise surprise d’être accueilli par les enquêteurs de la brigade criminelle. Il est placé en garde à vue, et finit par avouer avoir violemment frappé la victime. « Il dit qu’une dispute a éclaté, car elle avait accepté de l’héberger, gratuitement, et puis elle lui a demandé de l’argent » précise le procureur Calvet. « Il dit avoir saisi un objet, et l’avoir frappée à plusieurs reprises : elle serait morte de ces coups, et il aurait ensuite dissimulé le corps. »
L’enquête va toutefois se poursuivre : plusieurs ADN inconnus recueillis sur place restent à identifier. « Les circonstances exactes ne sont pas encore très bien établies : on n’a que les déclarations du suspect, et les constatations médico-légales restent incertaines », précise une source proche du dossier.