Bobigny : un risque d’embrasement des banlieues est-il à craindre ?
REPLAY – L’interpellation musclée de Theo à Aulnay-sous-Bois et les incidents qui ont suivi dans plusieurs quartiers autour de Paris interrogent : y’a-t-il un nouveau risque d’embrasement après les émeutes de 2005 ?
Sur RTL, Bruno Le Roux a déclaré le 13 février que selon lui, « interdire de manifester » n’est pas nécessairement la bonne solution afin de maintenir l’ordre. Il faisait là référence aux émeutes survenues à Bobigny le 11 février en marge du rassemblement de soutien à Théo, jeune homme de 22 ans victime de viol présumé par un policier. De quoi se demander si un risque de contagion existe-t-il, semblable, quelque peu, qui pourrait faire revivre les émeutes de 2005. Les associations de lutte contre le racisme, SOS Racisme en tête, dénoncent que le cas de Théo n’est au final « pas isolé ». Elisabeth Lévy estime cependant que « nous sortir maintenant que la police a un problème avec les jeunes » ne fait au final pas vraiment sens. « Je remarque que dans l’affaire de Théo, on a martelé une version, et je ne dis pas qu’elle est fausse, mais il y a toujours deux versions« , regrette-t-elle.
Ce que Nicolas Domenach ne trouve pas assez nuancé. « Il faut éviter de généraliser« , dit-il, « traiter les jeunes des banlieues de ‘racailles par définition’, est d’un simplisme criminel« . Selon le journaliste, il existe des « zones » problématiques dans lesquelles les rapports entre jeunes et policiers sont aujourd’hui empoisonnés. « On a eu tort de supprimer la police de proximité », dit-il. Mais selon lui, tout n’est pas perdu. Il cite notamment l’appel au calme lancé par la famille de Théo, et le travail effectué par le maire LR d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, ancien policier. « Dans la police municipale qu’il a formée interviennent des jeunes des quartiers, qui ne sont pas des ‘grands frères’, mais des personnes qui ont reçu une formation », souligne-t-il. Blâmant au passage les partis de gauche comme de droite qui n’ont pas « voulu » se frotter à cette épine. Et de tacler davantage le quinquennat Hollande : « dans l’ordre du symbolique, briser les ghettos qu’on a dans la tête, la gauche n’a rien fait ».
Y-a-t-il eu un manque de « considération » ?
Pour Jean-Christophe Buisson, le risque d’embrasement reste mince, et cela s’explique par deux raisons selon lui : « Les banlieues les plus chaudes sont tenues par les islamistes ou les trafiquants de drogue« , dit-il. « Et ces gens-là n’ont pas intérêt à ce que cela s’embrase. La journaliste Annie Lemoine de son côté estime que la multiplication des incidents de ces derniers jours est dû à un manque de prise de position politique. « Il suffisait d’être ferme et compréhensif, et de faire preuve de bienveillance dans la réaction politique le 3 février [le lendemain de l’agression de Théo, ndlr] », s’indigne-t-elle. « Hollande, on ne l’a même pas entendu. Au lieu de cela, on a eu l’IGPN qui a dit : ‘c’est un accident’. »Pour la Française, les faits « très graves » nécessitaient davantage de considération. En l’absence de ce qu’elle nomme une certaine « bienveillance », elle affirme que d’autres « éléments de colère sont venus se greffer et la contestation a enflé ».
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