Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb l’avait annoncé en février dernier lors du lancement de la Police de sécurité du quotidien (PSQ) : « Notre volonté est de permettre aux forces de l’ordre de retrouver le terrain et de se recentrer sur leur cœur de métier ». Depuis quelques années, une large majorité de policiers et gendarmes estiment que les tâches administratives et une procédure judiciaire de plus en plus complexe empiètent sur leurs missions essentielles. L’heure est donc au retour sur les fondamentaux : le terrain et le contact avec la population.
Bordeaux, comme 14 autres grandes villes de l’Hexagone fait partie de la première vague où ont été affectés des policiers dans le cadre de renforts sur des Quartiers de reconquête républicaine (QRR). Le quartier a été baptisé Bordeaux-Martime. Il regroupe les secteurs des Aubiers, Chantecrit, Bassins à flot et Bacalan.
22 policiers aux Aubiers
Pour partir à la reconquête, les policiers ont doublé leurs effectifs sur cette zone relativement étendue. Depuis le 3 septembre, 22 policiers composent désormais le bureau de police des Aubiers. Ils sont appuyés par la présence d’une brigade spécialisée de terrain (BST) de 15 fonctionnaires fidélisés sur le secteur.
« Cela fait plaisir d’entendre que les gens sont heureux de nous voir », confie la commissaire Anne Kramata, chef de la Division de police de Bordeaux qui supervise le dispositif mis en place par la Sécurité publique sous la haute autorité du préfet. « Nous faisons du préventif : nous travaillons avec la municipalité dans le cadre de la politique de la ville, les acteurs sociaux, éducatifs et associatifs. Il est essentiel de s’investir dans la lutte contre le décrochage scolaire et le repli communautaire. »
Lutter contre les trafics
L’autorité judiciaire est fortement impliquée dans le cadre de la reconquête d’un quartier où des phénomènes de délinquance ont été observés ces dernières années.
Le groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) mis en place par le parquet est destiné à lutter plus efficacement contre de petits phénomènes de bandes qui parasitent la vie de la population. Le procureur de la République définit ainsi les mesures prioritaires à conduire afin de parvenir à une meilleure visibilité et coordination de l’action des services de justice et de police sur le terrain. « Les policiers se sentent plus impliqués dans la vie du citoyen au quotidien », observe la commissaire Anne Kramata.
Grâce à leur présence renforcée en étroite liaison avec la police municipale mais aussi les autres directions de la police (Police judiciaire CRS et Police aux frontières), les policiers du bureau des Aubiers se mobilisent dans le cadre de la lutte contre les trafics en tous genres. Une cellule du renseignement opérationnel sur les stupéfiants (Cross) a été créée au sein de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) afin d’exploiter le moindre élément recueilli. « Cela va nous permettre d’enrichir nos enquêtes », se félicite un officier.
Pour l’instant, les moyens supplémentaires se limitent au QRR mais la police reste mobilisée et veille sur l’ensemble de la circonscription.