Braquage à domicile pendant la feria d’Arles : l’accusé nie les faits
Les gérants d’un bar avaient été victimes d’un saucissonage. L’ADN avait parlé 8 ans après
« Un collègue m’a proposé un cambriolage. J’y suis allé, mais je n’ai jamais fait de vol avec arme. » L’accusé a tracé sa ligne de défense dès l’ouverture de son procès hier après-midi devant la cour d’assises d’Aix-en-Provence. Oui, il a bien cambriolé le domicile des victimes le 18 avril 2006, mais non, il n’était pas parmi les trois malfaiteurs armés, cagoulés et gantés qui ont braqué dans la nuit le couple qui gérait à l’époque le bar arlésien le Wilson.
Ce lundi de Pâques, dernier jour d’une feria où la bodega avait tourné à plein régime, ils avaient attendu les victimes chez elles et s’étaient fait remettre le contenu du coffre, soit 40 000€, plus une montre et de l’argent se trouvant dans le sac à main de la patronne du Wilson. Ils avaient pris le soin au préalable d’enfermer le berger allemand du couple dans un cabanon, et avaient attaché les victimes sur leur lit avec du ruban adhésif avant de quitter les lieux. Les malfaiteurs avaient pris la fuite avec la voiture du couple, mais le véhicule était tombé en panne d’essence 4 kilomètres plus loin, sur la N113. A l’intérieur, aucun indice. Dans la maison, un ADN sera prélevé sur une trace de sang laissée sur la vitre par laquelle les braqueurs s’étaient introduits, et sur des morceaux de gant en latex retrouvés dans la chambre. Mais l’ADN ne correspondait alors à aucun profil génétique enregistré au FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques).
« Jamais suspecté »
« On avait cependant une piste, a expliqué hier à la barre l’un des enquêteurs. Le soir des faits, un policier avait remarqué qu’un véhicule avec quatre individus à l’intérieur faisait des allers-retours devant le Wilson ». Interrogés, le propriétaire de la voiture, videur du bar voisin, ainsi que trois potentiels complices, seront finalement relâchés, faute de preuves. Une dénonciation anonyme mettra ensuite les enquêteurs sur une fausse piste. Le dossier est refermé lorsqu’en 2014, l’ADN retrouvé dans la maison « matche » avec un profil du FNAEG. C’est celui de Bouziane, 39 ans, éboueur à la mairie d’Arles, lui aussi ancien vigile du bar voisin du Wilson. « On ne l’avait jamais suspecté jusqu’alors, explique un autre policier venu témoigner hier devant la cour. Mais en 2013, son ADN avait été prélevé dans le cadre d’une affaire de coups et blessures. » Dans un premier temps, Bouziane nie en bloc. Il ne donnera une explication à la présence de son sang au domicile des victimes qu’en mars 2016, racontant avoir cambriolé la maison dans la soirée, sans arme, et en l’absence des propriétaires.
C’est la thèse que défendra sans doute aujourd’hui Damien Faupin, avocat de l’accusé. En partie civile, Me Patrick Gontard tentera de démontrer que cette version est fantaisiste. Le verdict doit tomber ce soir.