Braquage du fourgon Loomis à l’Isle-sur-la-Sorgue : des positions variables pour les six accusés
Le procès du commando soupçonné d’avoir attaqué un fourgon Loomis, en 2013, à l’arrière du parking d’Intermarché, s’est ouvert, hier, devant la cour d’assises d’Aix-en-Provence
C’était à prévoir. Hier, un accusé manquait à l’appel à l’ouverture du procès, devant les assises d’Aix-en-Provence, du commando soupçonné d’avoir attaqué un fourgon Loomis, le 10 août 2013 à L’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse. Yann Gautier, un braqueur chevronné de 45 ans fiché au grand banditisme, n’était pas parmi les six quadragénaires dont cinq sont renvoyés pour « tentative de vol avec arme » et « tentative de meurtres ». Si sa participation aux faits a été établie, notamment par la découverte de son ADN sur les lieux du crime, le malfaiteur, dont la disparition inquiétante avait été signalée par sa compagne peu après, reste introuvable.
« Son décès n’est pas confirmé car son corps n’a jamais été retrouvé », précise à la barre Gérard Fortunato, le capitaine de gendarmerie en charge de l’enquête aux côtés de la police judiciaire. Mais tout porte à croire que le braqueur touché par les tirs d’un des convoyeurs lors de l’assaut était bien Yann Gautier, dont le rôle ce jour-là consistait à placer une charge explosive à l’arrière du fourgon Loomis pour faire céder le blindage.
La piste locale rapidement privilégiée
Quelques minutes plus tôt, trois voitures avaient pris en tenaille le fourgon qui venait de s’immobiliser à l’arrière du parking du centre commercial. Deux convoyeurs étant au premier étage du bâtiment, le chauffeur était seul, au volant, avec une cargaison rondelette de 500 000 à 1 million d’euros. Un Berlingo avait été projeté sur le fourgon puis incendié avec un cocktail molotov afin de rendre « aveugle » le chauffeur. Des cales avaient été placées sous les roues du fourgon pour l’immobiliser. Alors que l’artificier du groupe s’apprêtait à faire sauter le blindage, un des convoyeurs apercevait la scène depuis la fenêtre des locaux administratifs d’Intermarché et ouvrait le feu. « À partir de là, c’est la panique, détaille l’enquêteur. Des braqueurs ont riposté pendant que d’autres chargeaient le blessé dans le coffre d’une voiture. Heureusement qu’à cette heure-ci le bâtiment était vide… »
De nombreux éléments abandonnés sur place par le commando et une série de dénonciations anonymes avaient rapidement orienté les enquêteurs sur la piste « locale ». « On nous a donné trois noms : Yann Gautier, Mamar Korichi et Mohamed Ghrib, explique le gendarme. Le retour des expertises ADN nous a confirmé la présence de Gautier et Korichi. » Ce dernier, parti précipitamment en Algérie quelque temps, était placé sous étroite surveillance dès son retour en France. En mars 2014, estimant avoir suffisamment d’éléments, notamment la découverte d’un box renfermant tout un arsenal à Caumont-sur-Durance, les enquêteurs procédaient aux interpellations.
« On va s’expliquer en essayant de rester calme »
« Je reconnais ma participation aux faits, admet Mamar Korichi, confondu par une blessure au bras et son sang sur les lieux de l’attaque. Mais je nie farouchement avoir utilisé une arme. » « Moi, j’ai jamais fait partie du commando. J’ai juste gardé des affaires », se positionne à son tour Lyess Hamidat. Fédérico Hidalgo, concède connaître Yann Gautier mais nie être l’un des braqueurs ainsi que Mohamed Ghrib qui estime « ne rien avoir à faire dans ce box. » « Je suis en détention depuis quatre ans sur une dénonciation, lâche-t-il sèchement. On va s’expliquer en essayant de rester calme… » Enfin, Cédric Patano, qui comparait libre sous contrôle judiciaire, assure que le jour du braquage, il était dans un camping. « On m’a mis dix-huit mois en prison et on a foutu ma vie en l’air. Je ne connais personne et personne ne me connaît. Je suis là pour répondre de je ne sais pas quoi… «
Voilà pour les positions des uns et des autres. Aujourd’hui, le procès entrera dans le vif du sujet avec le témoignage des trois convoyeurs.
Laetitia Sariroglou