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Braqué dans l’Essonne par les annonceurs, un policier toulousain sort son arme

Posted On 18 Juil 2017
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Aspérgé de lacrymogène, blessé avec un couteau, le policier en civil a dû sortir son arme./ DDM illustration
Aspérgé de lacrymogène, blessé avec un couteau, le policier en civil a dû sortir son arme./ DDM illustration

Parti à Paris pour acheter une voiture repérée sur internet, un policier toulousain a été agressé dans l’Essonne. Il a dû utiliser son arme pour se sortir de ce guêpier.

Formidable moyen d’échange, pratique pour trouver beaucoup de choses, internet réserve également parfois de très mauvaises surprises. Un policier affecté dans une unité toulousaine voulait changer de voiture mi-mai. Après plusieurs échanges via le site internet «Le Bon coin», ce policier de 40 ans est monté en banlieue parisienne récupérer une voiture d’occasion. La livraison ne s’est pas déroulée comme prévu. Agressé, il a dû sortir son arme pour échapper à la violence de ses «vendeurs».

Que s’est-il passé le lundi 15 mai dans l’Essonne ?

J’avais rendez-vous pour acheter une voiture, une Peugeot 3008. Je change de voiture très régulièrement. Comme à chaque fois, j’avais repéré le véhicule qui m’intéressait sur «Le Bon coin». J’avais échangé avec le vendeur à plusieurs reprises.

Aviez-vous des doutes, des craintes ?

Absolument pas. Il n’existait aucun signe avant l’agression. Je suis monté confiant. J’ai commencé à me méfier quand le vendeur m’a proposé de me rapprocher des Ulis, un quartier très compliqué. J’ai travaillé dans l’Essonne. Je connais le secteur, ses risques. J’ai refusé et nous nous sommes retrouvés sur un parking à Bures-sur-Yvette, une petite commune tranquille.

Que s’est-il passé ?

Nous avions rendez-vous sur le parking d’une gare. J’ai quand même vérifié l’environnement en arrivant. Je me suis mis en éveil, attentif. J’avais fermé ma sacoche, rangé mon téléphone. Mon agresseur est arrivé derrière moi, il m’a agrippé, fait tombé au sol. J’ai reçu de la lacrymogène dans la figure. Il m’a aussi blessé au cou et au visage avec un couteau, heureusement de manière superficielle.

Comment avez-vous réussi à vous dégager ?

Il a sans doute été surpris par ma capacité à me défendre. J’ai réussi à me relever. J’ai annoncé que j’étais policier mais cela ne l’a pas calmé. Il n’a pas fui, il avait toujours son couteau à la main. Il voulait m’agresser, m’arracher ma sacoche.

Vous avez quand même dû faire usage de votre arme de service.

Oui j’ai tiré par terre. Là il est parti.

Était-il seul ?

À m’agresser oui mais j’ai repéré un autre homme qui, pour moi, faisait le guet.

Vous avez déposé plainte et l’enquête a permis d’identifier deux suspects.

Mes collègues de la sûreté départementale de l’Essonne, à Évry, ont remarquablement travaillé. Deux individus ont été interpellés puis présentés au parquet. Ils ont demandé un délai pour préparer leur défense et ils ont été placés en détention par le tribunal. Ils seront jugés le 14 août.

Les avez-vous identifiés ?

Quand ils ont été placés en garde à vue je suis monté dans l’Essonne pour apporter mon témoignage mais je ne les ai pas identifiés. L’enquête a été très bien réalisée. L’affaire n’a pas été jugée donc je ne me prononce pas sur les investigations mais les éléments à charge ne manquent pas dans le dossier.

Ont-ils reconnu les faits ?

Non. Ni leur implication, ni même leur présence lors de mon agression. On verra leur position lors de l’audience de jugement.

Vous avez utilisé votre arme de service. Avez-vous été ennuyé ?

Non. Les enquêteurs ont compris ce qui s’était passé et mes explications ont été confortées par les constatations.

Comment se remet-on d’une telle agression ?

Ce n’est jamais agréable mais mon métier m’a placé dans une position différente de vous ou d’une autre personne. Souvent je me demande ce qui se serait passé si une victime, pas habituée à se défendre, avait été prise pour cible ? Cette hypothèse m’inquiète. Mon agresseur était particulièrement déterminé.

Avez-vous repris votre travail ?

Bien sûr. J’ai été arrêté une semaine et j’ai repris mon uniforme, sans inquiétude.

Et la voiture ?

J’en ai acheté une autre, à Saint-Jean-de-Luz, toujours repérée sur «Le Bon coin». L’ambiance était différente, apaisée. Cela s’est très bien passé !


Un vrai piège

Les deux suspects arrêtés par les enquêteurs de la sûreté départementale de l’Essonne ont-ils eu, un jour, l’intention de vendre une Peugeot 3008 au policier toulousain ? Probablement que non. Les deux individus identifiés par les policiers ont derrière eux un passé qui ne plaide pas en leur faveur. «Très connus des services de police», selon la formule consacrée, l’un d’eux a été identifié à partir des échanges réalisés sur internet pour «ferrer» l’acheteur toulousain. Les policiers ont notamment réussi à remonter jusqu’au cyber-café d’Argenteil, dans le Val-de-Marne, où deux individus avaient été filmés à l’heure exacte où l’annonce avait été mise en ligne sur le site de vente. Parmi eux, il y aurait l’agresseur du parking qui, le jour des faits, aurait porté une cagoule. Un renseignement policier a ensuite permis d’identifier un deuxième homme, celui qui aurait réalisé le guet lors de l’agression. Agés de 31 et 37 ans, les deux suspects voulaient sans doute récupérer les 3000 € en liquide que le «vendeur» avait réclamé à l’acheteur pour la voiture, plus 8000 € en chèque.

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