La marche sur la tête va bon train, en France ! La France : un pays où l’on décerne un diplôme en « religion, droit social et vie sociale » à ce fameux imam de Brest qui aurait dû être interdit de prêche depuis longtemps. Et en même temps, la France : un pays où une séance de cinéma, à l’occasion d’une sortie scolaire, tourne court. Des images violentes, pornographiques, peut-être ? Non. Pire : un viol de la laïcité sur grand écran. Une horreur !
Figurez-vous qu’à Langon, en Gironde, une école laïque, donc républicaine, avait choisi d’emmener, le 13 décembre dernier, 83 élèves au cinéma. Y était projeté L’Étoile de Noël, un film d’animation destiné aux enfants. Le titre et, encore plus, l’affiche étaient sans équivoque. En tout cas, pour quelqu’un qui a un minimum de culture. Vous et moi, quoi. Ce dessin animé américain évoquait, sur le ton le plus charmant, un véritable conte de fées. Du style des contes des Mille et Une Nuits. Mais un conte de fées qui raconte une vraie histoire, celle qui avait conduit, il y a plus de 2.000 ans, une famille – la plus célèbre famille de tous les temps – de Nazareth à Bethléem, avec tous les déboires d’un tel voyage raconté par un âne accompagné de ses copains animaux du désert…
Alors que, sans doute, les enfants devaient commencer à être fascinés par les aventures des héros, un esprit éclairé – sans doute à la bougie – est allé demander au projectionniste d’interrompre la séance, d’allumer les lumières de la salle et pria tous les enfants de fuir cette aventure nauséabonde qui allait leur montrer, au final, qu’un « Sauveur nous est né » dans la mangeoire d’une misérable étable.
À quelques jours de Noël, une fête hautement païenne comme chacun sait, il ne pouvait pas être question de projeter une belle histoire tirée des Évangiles, car c’était porter atteinte à la laïcité. L’Étoile de Noëlprésentait un épisode interdit de l’histoire de l’humanité. Si la République, ou en tout cas quelques magistrats dignes des pires laïcards qui soient, empêche que des crèches polluent la vue de leurs concitoyens, ce film-là ne pouvait pas être en accord avec les valeurs de l’école républicaine laïque.
La lecture du pitch aurait peut-être dû mettre la puce l’oreille de ces enseignants : « Un petit âne courageux, Bo, rêve d’une vie meilleure loin du train-train quotidien du moulin du village. Un jour, il trouve le courage de se libérer pour vivre enfin la grande aventure avec une brebis, une colombe, trois chameaux déjantés et des animaux de la ferme, très excentriques… » Ce film n’avait rien à voir avec La Reine des Neiges ou Astérix.
Malheureusement pour les enseignants, une fois la séance commencée, ils ont réalisé leur erreur : L’Étoile de Noël n’est pas seulement un conte de fin d’année, mais relate, vous l’avez compris, le périple de Marie et Joseph jusqu’à Bethléem.
Interrogé par le journal Le Républicain Sud-Gironde, le responsable du cinéma a reconnu qu’il n’avait pas encore visionné le film et a accepté de rembourser la séance à l’école. On s’étonnera, du reste, que le titre n’ait pas donné la moindre indication à « l’équipe pédagogique » de cette école sur le sujet du film. Au passage, cela en dit long sur le niveau de culture de certains enseignants et sur le sérieux de la préparation de ces sorties…
Espérons que ces chers enfants ont pu assister à la messe de minuit pour connaître la fin de ce conte de fées qui n’en était pas un !
Signe précurseur d’un changement souhaité : le tweet de notre Président souhaitant un Joyeux Noël à tous les Français, laïcards de Langon compris…