De violents affrontements entre migrants afghans et africains ont éclaté, ce jeudi 1er février, en plusieurs endroits de Calais. Ils ont fait 22 blessés, dont cinq par balle dont quatre qui étaient entre la vie et la mort dans la soirée. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’est rendu sur place et a déploré des événements « exceptionnellement graves ».
Ça a sérieusement chauffé, ce jeudi 1er février, à Calais, dans les Hauts-de-France. De violents affrontements entre migrants afghans et africains ont éclaté en plusieurs endroits. Ils ont fait 22 blessés, dont quatre par balle qui étaient entre la vie et la mort dans la soirée, selon des sources concordantes. Il s’agirait d’Érythréens âgés de 16 à 18 ans. En termes de victimes, « on est revenu à une situation qui ressemble beaucoup à celle de 2015 », année de création de la « Jungle », démantelée en octobre 2016, a-t-on commenté de source judiciaire. Toutefois, « chaque jour ne se ressemble pas en termes de violence », a-t-on ajouté.
Il s’agit du bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017 lorsque des bagarres inter-ethniques avaient fait 16 blessés, dont un grave. Un an plus tôt, le 26 juin 2016, d’autres rixes avaient fait 40 blessés, dont aucun n’avait été atteint gravement. La dernière rixe entre migrants ayant débouché sur des blessures par balle remonte au 25 novembre 2017, lors d’un échange de tirs entre deux groupes d’Afghans, possible règlement de comptes entre passeurs. Cinq d’entre eux avaient été blessés.
Bâtons, pierres et barres de fer
Ce jeudi, des forces de sécurité « complémentaires » ont été déployées sur place, selon la préfecture. « Après les graves incidents survenus aujourd’hui, je me rends dès ce soir à Calais pour un point de situation avec le préfet, la maire de la ville et les acteurs locaux », a tweeté le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a fait le déplacement en hélicoptere.
Une première rixe a éclaté vers 15 h 30 entre une « centaine de migrants armés de bâtons et de pierres » boulevard des Justes, près du centre hospitalier de la ville, selon la préfecture. La Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) et la brigade mobile de recherches de la police aux frontières ont été saisies. Aucune interpellation n’avait eu lieu dans la soirée.
Vers 16 h, une deuxième rixe s’est déroulée à environ 5 km de là, à Marck-en-Calaisis, près du centre de logistique Transmarck. « Une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s’en prendre à une vingtaine d’Afghans », a indiqué le parquet, qui a précisé qu’un car a été affrété pour amener les Afghans au centre d’accueil et d’examen des situations (CAES) de Belval. La police a protégé les Afghans pris à partie par 150 à 200 Érythréens, selon la préfecture.
En fin d’après-midi, de nouvelles violences ont éclaté dans la zone industrielle des dunes à Calais, non loin du site de l’ancienne « Jungle ». « Les Afghans sont venus pour une distribution de repas rue des Verrotières et sont tombés sur une forte présence africaine. On a eu un mouvement de foule qui a entraîné des blessés avec des barres de fer », a indiqué le parquet. Six migrants ont été blessés selon le parquet, dont un grièvement à la tête, comme l’a constaté un correspondant de l’AFP sur place.
Près de 800 migrants vivraient toujours sur place
Outre des CRS et gendarmes mobiles, les pompiers étaient nombreux sur place, selon un correspondant de l’AFP. Jeudi matin, une opération « anti-squat », consistant à enlever les tentes et les cabanes des migrants, avait été menée par les forces de l’ordre dans le secteur, sans incident, selon la préfecture et le parquet.
Environ 800 migrants vivent actuellement à Calais selon les derniers chiffres des associations, entre 550 et 600 selon la préfecture.
Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb sur place
Calais a vécu « un degré de violence jamais connu », a déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. « C’est un degré de violence jamais connu, » a-t-il déclaré à la presse au commissariat de Calais, déplorant des événements « exceptionnellement graves ». « Ce que vivent les habitants de Calais est insupportable », a-t-il ajouté.
« Aujourd’hui la loi du plus fort, elle se fait avec des armes à feux […] Il faut que partout force reste à la loi », a rappelé M. Collomb, qui devait passer la nuit à Calais où il devait rencontrer les forces de l’ordre déployées sur le terrain.