Cannabis. Les trafiquants internationaux avaient corrompu douaniers et magistrats
Sept trafiquants de cannabis sont jugés à Rennes pour un trafic international de cannabis. Ils alimentaient plusieurs pays européens dont la France. L’affaire avait commencé dans le pays nantais.
Ses traits se raidissent au fil de l’interrogatoire. Hossain El Mohou, alias Beau Gosse, 40 ans, ne s’attendait peut-être pas à être soumis à un tel feu de questions. Celui que l’accusation considère comme le producteur fournisseur d’un énorme réseau international de cannabis voulait bien s’allonger sur une trentaine de kilos, allez une cinquantaine, mais sûrement pas sur des tonnes comme il ressort des écoutes. Jamais la justice rennaise n’est remontée à de telles pointures.
Magistrats espagnols corrompus
Depuis lundi, ils sont sept devant la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes. Près du producteur, Toufik Meddahi, 45 ans, le « planificateur », était chargé de s’assurer que les voitures bourrées de cannabis passaient le contrôle avec les douaniers, qui recevaient une enveloppe. Même chose pour les gardes-côtes lors de l’acheminement maritime. Le réseau avait même réussi à corrompre des magistrats espagnols.
« J’avais un tout petit rôle… »
En France, les frères Oumerabet sont soupçonnés d’avoir géré les tonnes de cannabis qui arrivaient à Paris. Amrane, 44 ans, sera jugé plus tard. Son frère cadet, Rachid, par contre, est bien présent et nie tout en bloc. Ion Petrea, un Roumain de 44 ans, est tombé avec une centaine de kilos en octobre 2015. Il est considéré comme l’homme de confiance des trafiquants. Flambeur, il s’attachait les services d’une call-girl pour passer inaperçu lors des transports de stupéfiants.
Des quantités impressionnantes
Mohou, interpellé en février 2016 à Ceuta, a reconnu qu’il était bien Beau Gosse. Du bout des lèvres, il a avoué qu’il avait trempé dans le trafic. « J’avais un tout petit rôle,dit-il. Et j’ai été menacé par ceux qui dirigent le trafic. » Le président du tribunal lit des écoutes téléphoniques. Les quantités sont importantes : 300 kg, 2 tonnes, 600 kg, encore 2 tonnes… « Je suis en prison depuis deux ans, je ne me souviens pas très bien », finit par lâcher le Marocain.
Le réseau alimentait, en autres, les dealers nantais. Mais dans les écoutes, les trafiquants évoquent le Portugal, la Norvège, la Belgique, la Hollande… En mars 2016, la Jirs a condamné les Nantais à des peines allant de 5 à 7 ans de prison.
Jusqu’à 20 ans de prison
Saïd Ahmed Yousfi, 46 ans, originaire de Nantes, évadé de la prison de Plomeur, est en cavale. Il serait au même niveau que Beau Gosse. Les sept prévenus encourent des peines plus lourdes : jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Le procès se poursuit jusqu’à lundi.