Catalogne, Sibérie, Finlande : la vengeance de l’EI après Mossoul
Attentats de Barcelone et Cambrils
L’État islamique a revendiqué les attentats de Barcelone et Cambrils en Catalogne, mais aussi ceux de Turku en Finlande et de Sourgout en Sibérie. Aux abois en Irak et en Syrie, l’organisation frappe loin de ses bases.
Tous les observateurs l’avaient prédit : la chute de Mossoul ne signifie absolument pas la fin de l’État Islamique. En l’espace de 48 heures, des attentats ont été commis dans trois endroits de la planète particulièrement éloignés les uns des autres : deux ont été revendiqués par Daech. En Catalogne, c’est-à-dire en Europe, celle des «coalisés». Mais aussi en Finlande, traditionnellement à l’écart de ces drames, et enfin en Sibérie à 3 000 km de Moscou. Comme si les terroristes voulaient avertir qu’ils peuvent frapper partout et tout le temps. N’ont-ils pas déjà durement ensanglanté Paris, Berlin, Ouagadougou ou Londres ?
L’attaque «contre des croisés» de Cambrils revendiquée hier
En Espagne, c’est une attaque de grande envergure qui était semble-t-il programmée, par une cellule terroriste d’une douzaine de personnes, en majorité des Marocains. L’explosion d’un local où des explosifs étaient stockés a obligé l’équipe à se rabattre sur une opération de moindre envergure, avec des voitures bélier, à Barcelone et à Cambrils.
Sur ces douze membres, cinq ont été tués à Cambrils par la police dans l’Audi qui a servi à l’attaque. Six autres suspects ont été interpellés, il n’en manque plus qu’un, qui pourrait être l’auteur de la tuerie des Ramblas.
L’État Islamique a revendiqué avec son vocabulaire propre, ces attaques : «Un premier escadron de jihadistes a utilisé un véhicule contre un rassemblement de croisés dans le quartier des Ramblas à Barcelone (…) Un second escadron a percuté des croisés avec une camionnette dans la cité de Cambrils» indique Daech.
Aux abois à Mossoul et Raqqa, Daech frappe loin de ses bases
L’organisation s’est donc rabattue sur des actes «low cost», avec des voitures bélier : simple, mais horriblement meurtrier.
«Low cost» aussi à Turku : sur une place centrale de cette ville de Finlande, c’est là aussi un Marocain, âgé de 18 ans, qui est passé à l’action. Il avait décidé de s’en prendre à des femmes. Il en a tué deux et blessé huit autres personnes, des femmes, mais aussi des hommes qui tentaient de les défendre, avant d’être maîtrisé. Il ne s’est pas exprimé sur ses motivations. La police a requalifié les faits en attaque terroriste, mais pour l’instant, pas de revendication venant de l’EI.
En revanche, c’est sans équivoque que l’État islamique a revendiqué l’agression qui s’est produite hier à Sourgout, une grande ville de la Russie Occidentale, samedi. Là, pourtant, dans un premier temps, la police locale avait émis des doutes sur le caractère terroriste de cette agression, toujours au couteau, dans un centre commercial. L’homme avait blessé sept personnes avant d’être abattu. En Russie, un attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg a fait 16 morts et des dizaines de blessés en avril dernier : Moscou reste l’allié de Bachar, et du coup, dans la ligne de mire de Daech. Les services secrets russes avaient annoncé en début de semaine l’arrestation de quatre membres présumés de l’organisation État islamique qui planifiaient des attentats suicides contre des centres commerciaux et des transports en commun à Moscou.
Autant dire que Daech, qui sait que la partie est perdue tant à Mossoul, que très bientôt à Raqqa, ne s’avoue pas vaincu. Et va continuer à s’appuyer sur des «desperados» du monde occidental pour recruter ses kamikazes. La prochaine bataille n’est ni à Mossoul, ni à Raqqa, mais à côté de chez nous.