Ce Sedanais handicapé n’en peut plus des incivilités
Bravo, vous avez pris ma place, donc mon handicap : deux jambes en moins ! » Didier Adnet pourrait faire imprimer des centaines d’affichettes portant ce message et les apposer sur les pare-brise des voitures. Par centaine également. Les incivilités, les plaintes classées sans suite, les courriers restés sans réponse, il connaît. « La mauvaise foi » et les comportements « arrogants et agressifs » aussi. Sans compter les autres « va-jouer-dans-ta-cour »…
Un rituel
Didier Adnet revient, en moyenne, trois à quatre fois par an dans sa ville natale, Sedan, qu’il a quittée à l’âge de 18 ans et demi pour l’Aveyron. Il y retrouve notamment sa maman et son ami de trente ans, Claude. Il s’arrange toujours pour revenir à une période où il y a un match de foot au stade : aujourd’hui Claude-Dugauguez, hier Emile-Albeau. Un rituel. Histoire d’entretenir les souvenirs vivaces, celui des footballeurs ouvriers en particulier, d’un Sedan, pour un temps, en état de grâce. Sans trop de nostalgie (encore que) mais avec tendresse.
L’épouse de Didier, Sylvie, est parfois de la partie. De moins en moins. Surtout depuis que son mari s’est fait presque agresser, au stade, par un Sedanais garé sur une place réservée aux personnes handicapées, il y a maintenant un an et demi de cela. A l’issue de la rencontre, le couple et leur ami tentent de parler à un père de famille venu avec ses gamins voir le match. L’approche est bienveillante. « Je veux juste faire passer un message », explique Didier Adnet qui a l’habitude. « C’est toujours mieux de le faire sur le ton de la blague ». « Gentiment », il aborde l’homme lui demandant où est la carte d’invalidité censée être apposé en évidence sur le tableau de bord. D’abord décontenancé, mais pris la main dans le sac, la personne s’empêtre, a priori, dans un affreux mensonge avec la complicité des enfants. Les propos s’enveniment jusqu’aux insultes.
135 euros, voire une mise à la fourrière
Sylvie en est persuadée et claude aussi, « S’il n’y avait pas eu du monde autour », l’altercation aurait pris une autre tournure. L’indélicat s’en va. Le numéro de plaque est relevé, les policiers dévolus à la sécurité sur le site sont informés. La compétence appartient à la police municipale qui ne travaille pas le soir. Le couple fait donc un courrier à la mairie demandant ne serait-ce qu’un rappel à l’ordre. Sachant que l’infraction constatée peut coûter 135 euros, voire une mise à la fourrière.
Sans nouvelle, Sylvie et Didier Adnet rappellent trois semaines après l’incident et s’entendent répondre que « la plaque d’immatriculation ne correspond pas au signalement du véhicule décrit ». Ils sont trois à l’avoir noté. Vendredi soir, pour Sedan-Dunkerque, sur les 14 places handicapés proches du stade (dont 4 rue Allende), seules deux voitures arboraient la carte. Ce Sedanais, désolé, de nous dire : « J’étais en retard. Et puis tout le monde le fait s’en fout ».
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