Ils avaient préparé un système de défense. La méthode du « je ne sais pas », « je n’ai rien à dire » s’est littéralement effondrée face à l’agacement manifeste de la présidente du tribunal Cécile Luton.
Jeudi, ces deux frères de 20 et 22 ans, issus de la communauté des gens du voyage étaient poursuivis pour une tradition. Le 18 mars 2016, ils avaient été contrôlés par la police municipale à Angoulême en possession d’un hérisson vivant. L’animal venait d’être ramassé sur le bord de la route. Une intervention bienvenue pour cette espèce protégée destinée à une issue terrible : être mangée.
« C’est beau un hérisson »
« Ma chienne aboyait sur le hérisson alors je l’ai pris dans la voiture pour le jeter plus loin », raconte l’un des deux frères. « Et votre chienne, elle était dans la voiture ? », demande la présidente. « Oui », souffle-t-il. « Donc vous prenez le hérisson pour l’épargner de votre chienne qui se trouve dans la même voiture… Vous trouvez que c’est cohérent ? »
Le plus âgé a d’autres arguments, aussi fumeux que son frangin. « On l’a vu sur le bord de la route. On l’a pris. C’est beau un hérisson. » « Pour la déco ? », a renchéri Cécile Luton. Dos au mur, ils ont fini par avouer leur funeste objectif. « Oui, on voulait le manger… »
Sur le banc de la partie civile, l’association Charente Nature déplore une pratique illégale et demande 1 € de dommages et intérêts. La procureure, Élisabeth Decencière Ferrandière a rappelé que le destin s’acharne sur cette espèce en voie de disparition. « Ils perdent leur habitat, ils se font écraser, si en plus on les mange… Je comprends que c’est une tradition mais comprenez aussi que s’il n’y a pas plus de hérisson, il n’y aura plus de tradition non plus. » Elle a requis 250 € d’amende pour chacun des prévenus. Cécile Luton, visiblement sensible à la cause animale, les a condamnés à payer 300 € d’amende, et 1 € à Charente Nature.