Chennevières-sur-Marne : l’intelligence artificielle va faciliter le travail de la police municipale
La commune vient d’acquérir un programme qui permettra d’analyser les images de vidéosurveillance de façon plus rapide dans le cadre d’enquêtes judiciaires. Une première dans la région, selon la Métropole du Grand Paris qui a subventionné l’acquisition. Le logiciel devrait entrer en service d’ici quelques semaines.
La lumière des écrans transperce la pièce. Les opérateurs scrutent les images, changent les points de vue, zooment en cas de doute sur une scène en se servant de leur souris d’ordinateur, des raccourcis claviers et même d’un joystick. Mais d’ici quelques semaines, l’intelligence artificielle (IA) va renforcer l’efficacité de leurs recherches. La commune vient d’acquérir un programme en ce sens. Une première dans le Val-de-Marne, selon toute vraisemblance.
Des mots-clés permettront d’accélérer les recherches
« Attention, ce n’est en aucun cas utilisé en direct et il n’y a pas de reconnaissance faciale, met en garde Jean-Pierre Barnaud, le maire (UDI) de la commune. Cela permettra d’exploiter à plein les images de la vidéosurveillance. » Ce programme utilisé uniquement à la suite d’une réquisition judiciaire donnera des réponses plus précises et surtout plus rapides en fonction des critères retenus. Les images seront exploitées a posteriori et accéléreront le travail des enquêteurs dans le cas d’un crime ou d’un délit. Une innovation estimée à plus de 36 200 euros (installation comprise), financée à 50 % par la Métropole du Grand Paris (MGP).
À Chennevières, concrètement, à la place des techniciens de la police municipale en train d’éplucher des images pour connaître la fuite d’un agresseur par exemple, le programme prend le relais en se servant de critères précis, donnés par les fonctionnaires. « Cela filtre et analyse les données fournies par les soixante caméras déployées sur les 47 km de voirie, précise le maire. Certaines caméras filment des deux côtés, nous avons au total 90 points de vision. Nous avons des moyens qui ne sont pas illimités. » La police municipale compte une vingtaine de fonctionnaires.
« Un gain de temps et d’efficacité »
Mais pour couper court à d’éventuelles inquiétudes sur une atteinte aux droits des citoyens, des garde-fous existent. « Les images seront exploitées sur un serveur local, non relayé à Internet. Elles ne peuvent pas être transmises à l’extérieur », précise l’élu de la MGP.
Une avancée applaudie par Frédéric Biedak, président du syndicat national des policiers municipaux (SNPM), qui découvre cet usage de l’IA : « Certains techniciens peuvent passer plusieurs heures à la recherche de certains détails. S’il pleut ou qu’il fait nuit cela s’avère vite très compliqué. Un tel outil permettra de gagner du temps et certainement de l’efficacité. »Cette initiative de Chennevières s’inscrit dans une vague d’innovations démarrée avec les Jeux olympiques. Ainsi, un système de surveillance algorithmique, aidé par l’intelligence artificielle, pour scanner les images de vidéosurveillance a été utilisé cet été à Paris. À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la municipalité a profité du cadre offert par la « loi olympique » de 2023 pour surveiller ses espaces publics en recourant à l’intelligence artificielle. « Nous devons étudier de près cet effet JO avec toutes les précautions et réserves à prendre, ajoute Geoffroy Boulard. Nous devons informer les citoyens. »
Et ce, alors que la vidéosurveillance couvre toujours plus de rues en Île-de-France. Depuis 2016, la Région « a ainsi soutenu l’équipement de 572 communes » et a cofinancé « 16 363 caméras de vidéoprotection ».