Cinq Nîmois jugés pour association de malfaiteurs terroriste
Ils sont jugés toute cette semaine au tribunal correctionnel de Paris. Quatre hommes accusés d’avoir monté une filière d’acheminement de combattants djihadistes vers la Syrie et une femme, dont le rôle est secondaire.
Les suspects nient tous avoir eu un quelconque projet d’attentat. Ils expliquent notamment être partis en Syrie dans un but humanitaire. Selon Me Khadija Aoudia, l’avocate de l’un d’eux, son client, Anas Ouhdif, un homme de 31 ans soupçonné d’être l’un des recruteurs du réseau nîmois, souhaitait en fait aider les rebelles syriens : « Il n’avait pour objectif d’atteindre notre Etat. Son but était de venir en aide au peuple opprimé par le régime de Bachar El-Assad ».
En plus de son client, arrêté à Toulouse en 2013, une femme est interpellée en 2014 à Carpentras. Fatima El Khayari, franco-marocaine, est accusée d’avoir financé une entreprise terroriste. La jeune femme reconnaît avoir envoyé de l’argent à ses frères, partis en Syrie. Elle comparaît cette semaine libre sous contrôle judiciaire.
Après elle, trois hommes de 20, 27 et 28 ans sont arrêtés, coup sur coup, en 2014. Deux sont interpellés à Nîmes, ils se sont déjà rendus en Syrie. Le 3ème est arrêté en Turquie alors qu’il vient juste de quitter la Syrie. Les suspects, originaires des cités de Nîmes (Valdegour, Pissevin, Mas de Mingue..) se connaissent, depuis les bancs de l’école pour certains. Ils sont amis d’enfance ou fréquentent la même mosquée. Mais la justice devra prouver qu’il existe bien une filière organisée. « La filière de Nîmes » comme l’ont baptisée les enquêteurs, était-elle un réseau de recruteurs pour le djihad ? Ou une simple bande de copains qui voulaient combattre l’armée syrienne ? Selon l’enquête, entre 2012 et 2014, plus d’une vingtaine de jeunes originaires des cités populaires de Nîmes ont gagné la Syrie en profitant de ce réseau. Une histoire qui préfigure celle de Lunel, dans l’Hérault, qui a connu en 2014 le départ d’une vingtaine de jeunes pour la Syrie.
Les premiers à partir, en août 2012, sont Anas Ouhdif, un Franco-marocain considéré par les enquêteurs comme un pilier du réseau (il était soupçonné de récupérer de l’argent pour l’envoyer en Syrie via la Turquie) et Axel Baeza, un converti décrit comme très violent et dont la mort a été annoncée par les organes de propagande djihadiste.
Mis en examen dans une autre affaire
Les deux hommes avaient déjà été interpellé et mis en examen, puis relâchés dans une autre affaire, en 2013. Un corbeau les avaient dénoncés comme étant les auteurs du meurtre de Laurent Julien en 2011, un jeune homosexuel qui avait disparu pendant la feria de Pentecôte et dont le corps avait été retrouvé enterré dans la garrigue trois semaines plus tard. Axel Baeza avait pris la fuite.
Les frères Azahaf auraient joué un rôle de passeurs – chargés de récupérer les recrues à la frontière turque et qui seraient toujours en zone irako-syrienne. D’autres, comme le Nîmois Joni Miguel Dos Santos Parente, seraient morts en kamikazes en Irak. Dans le box, le converti Benoît Roussillon, chignon haut et barbe de trois jours, est soupçonné d’avoir rejoint Axel Baeza et combattu en Syrie, ce qu’il conteste. Placé sur écoute, il parle de tuer « tous les koufars (mécréants) » et rêve de se faire exploser dans un train. Ils encourent tous une peine de 10 ans de prison. Le jugement est attendu vendredi en fin de journée.