Ca s’affiche directement sur son téléphone portable après une simple photo de la plaque d’immatriculation. Cet agent de la police municipale à Cognac ne verbalisera pas le SUV noir, stationné boulevard Denfert-Rochereau. « Il est détenteur d’un abonnement résident. Il lui reste 275 jours. » Pas de problème non plus avec cette voiture garée près du marché couvert: son propriétaire « a pris une gratuité. Il lui reste 38 minutes. »
En étant en règle, les deux automobilistes échappent au « forfait post-stationnement », entré en vigueur le 1er janvier dans toute la France, à la place de la contravention à 17 euros. À Cognac, le nouveau PV s’élève à 30 euros, le montant de la durée maximale de stationnement en ville (1). Ce tarif unique a été fixé par le conseil municipal quand Angoulême a, elle, fait le choix de montants différenciés. C’est 25 euros partout, sauf dans le quartier de la gare où l’amende s’élève maintenant… à 50 euros.
L’idée, elle, est bien là: « Dissuader », lance Patrick Velluet, le chef de la police municipale. « Inciter les gens à être plus respectueux, mais aussi obliger la rotation des véhicules. » Il observe: « Cognac était dans la moyenne nationale, avec un taux de respect du stationnement payant situé entre 30 et 35 %. » Trop bas… C’est ce qui a entraîné les nouvelles dispositions nationales, dans les tuyaux depuis plusieurs années.
« Ca diminue les motifs de contestation »
Patrick Velluet a lancé le processus à son arrivée en 2015. « On a travaillé dessus pendant deux ans. » ça s’est intensifié ces derniers mois. « La mise en place de ce forfait a nécessité plein d’adaptations techniques. » Au niveau des horodateurs, mais aussi du matériel employé par les agents. « Il a fallu régler les problèmes de liaisons, relier les appareils entre eux… Nous avons fait des essais à vide pendant un mois. » Avant de passer aux « tests réels » ce mardi.
Avec le système Lapi (Lecture automatisée des plaques d’immatriculation) sur leur téléphone, les agents vérifient en quelques secondes que les automobilistes ont bien pris un ticket à l’horodateur ou payé leur stationnement via leur application mobile (2) et qu’ils sont bien garés dans la bonne zone. ça ne les empêche pas de jeter un coup d’oeil au ticket posé sur le tableau de bord. « Le contrôle visuel reste plus rapide. » Mais les nouveaux outils sont plus fiables, selon Patrick Velluet. « C’est plus confortable pour les agents et ça diminue les motifs de contestation, assure-t-il. D’autant qu’avec le téléphone, on peut faire une photo qu’on joint au dossier. »
Si le véhicule est en infraction, un petit papillon est déposé sur le pare-brise, précisant que « le forfait post-stationnement sera adressé au titulaire de la carte grise ». À part le prix, la suite n’a pas changé: différentes solutions de paiement sont proposées sur le courrier: timbre-amende, téléphone, internet…
Les nouveaux téléphones des agents permettent aussi de verbaliser toutes les infractions contraventionnelles: stationnement gênant, fourrière… dont les montants ont également évolué ces derniers temps. Si l’on ne respecte pas la réglementation des zones bleues, par exemple, c’est 35 euros; 135 si on se gare sur un trottoir.
À noter que l’enveloppe globale pour la mise en place de ce dispositif est estimée à 80.000 euros. Sans compter l’entretien annuel, évalué, lui, à 10.000 euros. « On va y aller progressivement », indique Patrick Velluet. Trois véhicules ont été verbalisés mardi, une petite dizaine mercredi. « Sur un taux d’occupation de la ville limité durant cette période de vacances », précise-t-il.
(1) La réglementation du stationnement est disponible sur le site internet de la ville.
(2) Depuis le mois d’octobre, il est possible de payer le stationnement via son téléphone portable.
Qui perçoit quoi?
L’argent collecté via les horodateurs revient à la Ville. Le stationnement rapporte environ 200.000 euros chaque année à Cognac.
Les contraventions, elles, sont perçues par l’état, qui en reverse une partie aux collectivités.
Le « forfait post-stationnement » (le nouveau PV) étant dépénalisé, il ne passe plus par la case « État ». Reversé à la collectivité, il doit être employé à améliorer la mobilité ou les voiries. La mobilité étant une compétence de Grand Cognac et la voirie étant – encore – dans le giron de la Ville, les deux collectivités vont donc se partager un montant, qu’il est difficile, pour l’heure, d’évaluer.