« Coke », « Shit ultra-black » : le menu du jour qu’un dealer toulousain affichait sur son ardoise
Hamed proposait un curieux « menu du jour » fin août dans une résidence fermée de la place de l’Armée d’Afrique, quartier Bonnefoy à Toulouse. Sur son ardoise, coke à 30 € le demi-gramme, « cla patate » à 50 € le gramme, « cla zone » à 250 € les 50 grammes ou 10 € la barrette « shit ultra-black ».
18 000 € par mois
Surpris, le président Picco l’interroge : « Et vous, vous aviez une partie ? » « Oui, 600 € par jour ». « Ça fait 18 000 € par mois net pour vous… », calcule le président. « J’étais en galère… » Les clients ? « Des gars en costard… » « Qui sont vos clients ? » « Des élèves de 18 à 30 ans, jamais de mineurs ». Aurélie, casier vierge, intervient : « Des adultes en costume qui sortent du bureau ! ». « Quand j’ai vu la police arriver j’ai couru jusqu’à son appartement car c’est la seule personne que je connais dans la résidence. J’ai eu peur », affirme Hamed.
Dans le logement, la police a retrouvé plus 800 gr de cannabis, 24 gr de cocaïne et 1 450 €. « Je ne sais pas pourquoi on a retrouvé ça chez moi. Je n’étais pas là de la journée. J’ai une enfant de 10 ans à la maison, je suis aide-soignante je ne vais pas mettre mes enfants en danger avec de la drogue ! », se défend Aurélie, locataire des lieux. Et les messages retrouvés sur son téléphone ? « Je le prêtais régulièrement… Je ne nie pas avoir ouvert ma porte à ces jeunes, ils m’ont souvent aidée mais je n’ai pas été une nourrice ! »
Un an de prison
Le procureur s’inquiète : « Le trafic peut concerner les gens dont on s’imagine qu’ils font partie de la partie raisonnable de la population… » Il requiert un an d’emprisonnement avec maintien en détention pour Hamed, déjà deux fois condamnés, et un an d’emprisonnement dont 6 mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve pour Aurélie. Me Assouline-Seror, avocate d’Aurélie plaide la relaxe. « Madame nous dit qu’elle était dehors tout le temps. Où est la géolocalisation sur son téléphone ? Pourquoi ne serait-il pas vrai qu’elle soit partie avec sa fille ? Quel serait l’intérêt de cette mère de famille de leur montrer cet exemple ?
Aucun élément ne permet d’établir sa culpabilité ! ». L’avocate d’Hamed réclame aussi une relaxe. « On vous parle de vente le 24 août, où sont les éléments, les surveillances ? » Me Stéphanie Boscari va plus loin : « Il reconnaît les faits. Il existe une immaturité réelle quand ce garçon explique qu’il est en galère ou quand il affiche le menu du jour… Il avait un avenir qui ne devait pas être celui-ci. Aujourd’hui, il assume ses erreurs. » Des fois qu’il oublie, le tribunal l’a condamné à un an de prison avec maintien en détention. La locataire accueillante écope de 16 mois de prison dont huit mois avec sursis et mise à l’épreuve sans passage par la case prison.