Comment éviter d’avoir trop de migrants ? La recette du président de la Ligue arabe
Fin août, sur la chaîne Tian Wei de la télévision chinoise, le président de la Ligue des États arabes, l’Égyptien Ahmed Aboul Gheit, a répondu à la question : « Pourquoi ces migrants ne vont-ils pas[dans les pays arabes] ? » Réponse digne d’être méditée : « C’est très simple », a-t-il expliqué, « nous ne faisons pas d’exceptions avec ces gens. »
Et de préciser les devoirs des demandeurs d’asile : « Ils signent un document qui les oblige à respecter tous les droits et règles de nos pays, et qui précise qu’en cas de violation de cet accord, ils seront condamnés, avec une procédure accélérée, aux mêmes peines que la population locale (ce qui peut aller, dans les cas graves, jusqu’à la peine capitale) et seront renvoyés dans leur pays de provenance aussitôt leur peine terminée. » En outre, « l’aide financière qu’ils touchent pour leur intégration dans nos pays doit être intégralement remboursée dans les deux ans ». Faute de quoi, leurs biens sont saisis et ils sont expulsés.
Ces mesures draconiennes dissuadent apparemment de demander l’asile dans les pays arabes : point de migrants, faute de volontaires pour accepter ces règles. Non sans ironie, Ahmed Aboul Gheit ajoute qu’« il faudrait que les dirigeants de l’Europe de l’Ouest soient envoyés à Doha au Qatar ou encore en Arabie saoudite pour demander l’asile dans ces pays, pour qu’ils expérimentent “sur leur propre peau” ce que je viens de dire. Là, ils se réveilleraient ! »
Il n’est pas sûr que le président de la Ligue arabe soit exhaustif quand il explique les raisons de ce petit nombre de migrants : les dissensions entre pays arabes et entre musulmans n’y sont pas étrangères ; ni la satisfaction de voir des pays européens (ces affreux colonisateurs) à leur tour colonisés par un afflux de réfugiés musulmans. On sait, aussi, que certains États n’hésitent pas à exploiter des travailleurs étrangers, comme le Qatar, pour les travaux nécessaires à l’organisation de la Coupe du monde 2022.
Mais, quel que soit le cynisme ou l’hypocrisie de ces propos, la leçon vaut pour l’Europe, secouée par la crise migratoire. Quand on va chercher refuge et demander de l’aide dans un autre pays que le sien, n’a-t-on pas le devoir d’obéir à la lettre aux lois de ce pays ? Si un tel principe de bon sens était appliqué en France, on n’aurait pas besoin de débattre constamment du port du voile intégral, de l’abattage rituel, des prêches appelant au djihad ni de toutes ces coutumes propres à la tradition islamique.
Vous confondez les immigrés et les Français de confession musulmane, objectera-t-on. C’est oublier que la plupart des musulmans de nationalité française sont issus de l’immigration et qu’une partie d’entre eux ne s’est toujours pas intégrée à cause du laxisme, voire de la lâcheté ou de la complaisance des autorités françaises. Les uns cèdent par clientélisme, les autres par conviction : le nec plus ultra du snobisme intellectuel consiste à souhaiter que la France devienne un pays multiculturel.
Tous les pays arabes ne sont pas un modèle de tolérance ni de démocratie et l’on peut légitimement préférer l’héritage chrétien à la pratique de la charia. D’aucuns osent même estimer que la culture chrétienne, dont l’Europe fut pétrie, est plus humaniste que la culture islamique. D’ailleurs, il n’est pas exclu que des immigrés soient du même avis. Mais le président de la Ligue arabe montre comment un pays peut agir pour sauvegarder ses intérêts, défendre ses racines et sa manière de vivre.
Le scandale n’est pas de demander aux migrants de s’assimiler, c’est d’accepter qu’ils ne le fassent pas.