Plus long, plus cher mais aussi plus sûr. Le nouveau contrôle technique ne sera appliqué qu’en mai prochain mais, déjà, les centres de contrôle sont sollicités par des clients inquiets ou désireux de passer leur véhicule tant que les tarifs n’ont pas grimpé.
1. Faut-il s’alarmer ?
Ils n’étaient pas demandeurs. Les centres de contrôle observent l’arrivée de cette directive, censée emboîter le pas à un contrôle technique unique dans toute l’Union européenne, avec méfiance. « On ne nous a pas concertés, déplore Éric Poumeyrol, coresponsable d’Auto Sécurité à Aurillac. Sinon, on l’aurait simplifié. Là il se complique. » En passant de 453 défaillances à près de 600, il s’annonce drastique, même si la plupart des points sont déjà contrôlés aujourd’hui. 126 seront considérées comme critiques. Pour l’instant, ce futur contrôle technique semble plus exigeant que sévère.
2. Plus long donc plus cher ?
À la tête des deux centres Sécuritest d’Aurillac, Laurent Lamotte et ses employés enchaînent les heures de formation. Chez Auto Sécurité, à Aurillac, 200 heures ont déjà été cumulées pour préparer le mois de mai. Les contrôleurs s’attendent à une augmentation significative du temps d’examen des véhicules. Une vingtaine de minutes supplémentaires, table Laurent Lamotte, pour passer en revue les plus de 600 points et évaluer les trois niveaux de défaillance. Qui dit plus long dit, logiquement, plus cher.
Cela risque d’impacter le nombre de véhicules que l’on contrôle chaque jour.
« Cela risque d’impacter le nombre de véhicules que l’on contrôle chaque jour, admet le responsable de Sécuritest. Il y aura une hausse comprise entre 10 et 15 %. » Même chose pour Éric Poumeyrol pour lequel les centres seront « forcés » d’augmenter leurs tarifs. Ouvert depuis quelques mois, Cantal Contrôle technique prévoit de conserver les mêmes prix, dans un souci d’élargir sa clientèle. Toutefois, le patron, Hervé Brassac, plaide pour « un tarif identique sur tout le territoire ».
3. Davantage de contre-visites
C’est l’une des principales conséquences du nouveau contrôle technique. La plupart des centres s’attendent à une forte augmentation du nombre de contre-visites. « On nous en annonce 50 % de plus », anticipe Hervé Brassac. Plus de points contrôlés et de défauts, et donc plus de contre-visites. Gratuites jusqu’à présent, plus question de « l’offrir », annonce-t-on à Sécuritest. « Elle sera payante désormais. » D’où le pic de rendez-vous qui s’annonce pour le début d’année 2018 et le printemps, d’après les contrôleurs aurillacois. Notamment de la part des propriétaires de véhicules vieillissants.
4. L’inquiétante corrosion
Habitué à voir défiler quelque 10.000 véhicules par an, Éric Poumeyrol regrette la perte du « libre arbitre » des contrôleurs sur les corrosions perforantes. Alors qu’elles pouvaient être simplement signalées jusqu’à présent, elles entreront dans les réparations obligatoires à partir de mai. Et cela risque de grincer. « Cela coûte très cher, en milliers d’euros, prévient Éric Poumeyrol. Pour moi, ce sera le plus gros problème. » Partagé par Laurent Lamotte : « On risque d’être beaucoup plus embêtés. » Les automoblistes aussi.
5. 24 heures pour se retourner
Il faudra s’y faire, le terme de « défaillance critique » risque de devenir un véritable épouvantail pour les automobilistes. Cette troisième classification des défauts du véhicule contraindra le propriétaire à contacter un garage dans les 24 heures pour effectuer les réparations telles que des pneus lisses, une fuite de liquide, une usure excessive des plaquettes… Entre 3 et 5 % des voitures seraient concernées. Ce qui pourrait conduire certains automobilistes à ignorer le contrôle technique, craint Éric Poumeyrol.
6. Plus de sécurité
Si l’apparition de nouveaux points de contrôle peut effrayer l’automobiliste, il faut admettre que cela augure aussi une meilleure sécurité sur les routes. « Ce sera plus rigoureux, pointe le coresponsable d’Auto Sécurité. Niveau sécurité, je ne discute rien, il y a certains éléments mécaniques qu’il est normal de remplacer, pour certaines altérations, c’est une bonne chose. » Pour l’acheteur d’une voiture d’occasion, le passage au contrôle technique sera synonyme de plus de garantie.
Les nouvelles règles à partir de mai 2018
controle thecnique véhicules à Aurillac
La directive européenne sur le contrôle technique va entraîner l’apparition de nouvelles règles à partir du 20 mai 2018.
- Plus de points contrôlés
Ce n’est pas le plus gros changement mais, une fois la directive appliquée, ils passeront de 123 à 131.
- Des défauts plus nombreux
On ne parlera plus de défauts mais de défaillances. Au lieu des 453 actuels, il y en aura 599.
- Des changements de termes
L’expression « visite technique périodique » va devenir le « contrôle technique périodique ». La « visite complémentaire pollution », elle, s’appellera « contrôle complémentaire ».
- De nouveaux niveaux de sanction
Les défaillances seront classées en trois catégories. Mineure, le véhicule devra être réparé sans obligation de contre-visite. Majeure, le véhicule devra être soumis à contre-visite afin de faire constater les réparations. Et la défaillance critique.
- L’apparition de la défaillance critique
Si le véhicule entre dans ce niveau de sanction, sa validité ne sera que de 24 heures. Il ne sera autorisé à rouler que jusqu’au lieu où il sera remis en état avant d’être soumis à contre-visite. Entre 3 et 5 % des véhicules seraient concernés.
- Quelles sont les défaillances critiques ?
Elles peuvent être détectées avant le contrôle technique. Il peut s’agir d’une corrosion excessive d’un élément de châssis, de feux de stop qui ne fonctionnent pas, d’une fuite de liquide de frein ou d’autres liquides, de pneus usés ou entaillés.
135 euros. La directive européenne sur le contrôle technique n’impliquera pas de modification de l’amende en cas de défaut de contrôle technique.
Malik Kebour