Les faits sont rocambolesques. Tout commence dans la soirée du 7 au 8 avril dernier par une agression à proximité d’une discothèque de Nancy. A l’origine de l’incident, on trouve le classique cocktail alcool et jalousie. Cela entraîne une atercation entre deux jeunes clients du Chat Noir, la boîte de nuit de la rue Jeanne-d’Arc. Une fois dehors, les deux protagonistes se retrouvent un peu plus loin, place de la Croix-de-Bourgogne, pour régler leurs comptes. L’un d’eux sort un couteau et poignarde son adversaire. A une quinzaine de reprises.
La victime, âgée de 24 ans, est grièvement blessée. Elle est évacuée sur les urgences de l’hôpital central où les médecins constatent que ses jours ne sont pas en danger. Le blessé est même en état de fournir aux policiers un signalement précis de son agresseur.
Un suspect, qui colle avec cette description, est arrêté dans les heures qui suivent. Il s’agit d’Abderraouf Sahraoui, un Algérien de 23 ans en situation irrégulière.
A l’issue de sa garde à vue, le jeune homme est déféré, le dimanche 9 avril, à la cité judiciaire de Nancy où un juge d’instruction le met en examen pour « tentative de meurtre ». Dans la foulée, un juge des libertés prononce son placement en détention provisoire.
La suite n’est normalement qu’une formalité. Le suspect doit être escorté par deux policiers jusqu’au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville. Mais la routine judiciaire va voler en éclat.
Arrivé devant l’enceinte de la prison, vers 23 h 30, l’un des policiers descend du véhicule d’escorte pour aller signaler son arrivée et se faire ouvrir la porte du sas d’entrée. Seul à l’arrière, l’agresseur présumé qui n’est pas menotté, parvient à ouvrir la portière. Il prend aussi sec la fuite à pied.
Les deux policiers filent à ses trousses. Le fuyard jette une pierre au visage de l’un d’eux qui est légèrement blessé. Il parvient ensuite à rallier les bois qui jouxtent la prison et disparaît.
Localisé chez sa copine
Un imposant dispositif de recherche est mis en place pour le retrouver, avec équipes cynophiles et hélicoptères. Sans succès. Le jeune homme s’est évaporé.
Les enquêteurs retrouvent sa trace un mois plus tard au Pays-Bas, où ses empreintes sont relevées par les autorités néerlandaises dans le cadre d’une demande d’asile. Mais là encore, le fuyard passe entre les mailles du filet. Sa cavale continue tout l’été. Avant de prendre fin en fin de semaine dernière à Mirecourt, dans les Vosges.
C’est là que sa copine habite et c’est là qu’il a été arrêté ce vendredi. Le jeune homme se terrait depuis un moment dans ce logement. Les gendarmes locaux ont eu l’information ce jeudi. Le lendemain, ils ont attendu que sa compagne s’absente pour faire des courses pour passer à l’action. Epaulés par leurs collègues du peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) et de la brigade de recherche de Neufchâteau, ils ont pénétré dans le logement. Sans difficulté. La porte n’était pas fermée à clé. Ils ont trouvé le fuyard étendu sur un lit. Sans arme. Et sans volonté de résister.
Une fois arrêté, il a été conduit à la cité judiciaire de Nancy où il a été mis en examen pour évasion et violence sur personne dépositaire de la force publique (la pierre jetée sur un policier lorsqu’il s’est échappé). Il a été ensuite conduit en prison. Surveillé comme le lait sur le feu durant le trajet, il est cette fois arrivé à destination.