Aujourd’hui, cinq lieux de nuit à Toulouse, dont trois cafés, devraient tirer le rideau, durant une semaine, à 22 heures. Une sanction de la Ville qui a fait beaucoup parler ce week-end autour du comptoir.
Ce week-end, cinq lieux de nuit de Toulouse, dont trois cafés, ont vécu leurs dernières tournées avant la sanction qui doit prendre effet ce lundi. A savoir, une fermeture durant une semaine à 22 heures au lieu de 2 heures pour cause de nuisances sonores répétées. Parmi eux, trois établissements toulousains, le Café Populaire (rue de la Colombette), le Filochard (Pont-Neuf) et le ça va Aller (Purpan). Samedi soir, les conversations allaient bon train autour des comptoirs. «Je suis un habitué du Filochard, affirme Christian, en sirotant une bière. Cette sanction me semble régressive».
Cet habitué, comme beaucoup de clients n’imaginent pas sortir de ce lieu à 22 heures «vivre la nuit est important dans une ville et des cafés comme le Filochard contribuent à ce quotidien nocturne». Avis similaire pour Olivier : «c’est choquant. Je travaille tout près et je viens ici régulièrement échanger, retrouver des potes. Certes c’est bruyant mais bon enfant».
Il est 23 heures et le flux de clients grossit. Situé à l’angle du Pont-Neuf et du quai de Tounis, le Filochard est soumis à l’intensité de la circulation, «elles sont là les nuisances sonores, pas au café», appuie un client.
Bil a connu l’établissement en 2005. Selon lui, «la Ville a tort de taper sur des bars devenus des institutions sur la ville et des lieux de rendez-vous d’une jeunesse en mal de repères».
Portiers et vigilance accrue
Il tacle aussi sur l’interdiction de fumer à l’intérieur des établissements «qui a beaucoup accentué le problème des nuisances avec le voisinage». Adam Shaw, le patron a promis des améliorations (deux portiers et une vigilance accrue). Avec cette sanction, il estime une chute de son chiffre d’affaires à 50 %. Ce week-end, on entendit beaucoup de «chut» à la terrasse du Filochard.
À quelques rues plus loin, le Café Populaire a toujours l’affiche sur sa devanture demandant de respecter le voisinage. Une requête apparemment pas ou peu entendue par les consommateurs au vu des nombreux appels à Allô Toulouse. «Je comprends les voisins, admet un habitué. Mais la bonne volonté de tous est bien là. Aujourd’hui nous sommes inquiets. Toulouse s’apprête à devenir une ville morne. De plus, économiquement, la «punition» est dure».
Plus loin, chemin de la Flambère Léo, patron du ça va aller, café associatif africain est en colère «je me plie à cette sanction mais elle est injuste. Comment surveiller les clients tout le long de l’asphalte ? De plus, bien d’autres lieux créent des nuisances à Toulouse en toute quiétude. Mais je veux avancer».
«Les épiceries de nuit sont condamnées»
Autre lieu à avoir été sanctionné, l’épicerie de nuit le Ntem à Saint-Cyprien pour vente d’alcool après 2 heures du matin. Samedi soir, les clients se désolaient de voir cet endroit fermé si tôt à partir de ce lundi, «c’est vraiment dommage car ce commerce dépanne beaucoup de gens comme moi qui sortent tard de leur travail». Un coup dur pour ce type d’enseigne qui peine particulièrement. Un fin connaisseur du dossier l’avoue «la situation globale des épiceries de nuit est très préoccupante en termes de clientèle. Vous imaginez bien que lorsqu’une épicerie de nuit vend une caisse de bière, la grande surface d’à côté vend une palette». Ce concept commercial apparu à Toulouse voilà trente ans à vécu «la concurrence des grandes surfaces est devenue trop âpre. Le chiffre d’affaires s’est effondré». Selon lui, les actions de la mairie seraient donc décalées par rapport» à la réalité des grandes surfaces proposant une offre large et diversifiée, notamment en matière d’alcool». Sans oublier les sites de livraison de plus en plus dynamiques.