Défense : l’armée ne parvient pas à fidéliser ses militaires
Constat accablant pour l’armée : plus d’un militaire sur trois quitte le corps après un seul contrat, en raison de ses conditions de vie et de la concurrence du privé.
Les militaires ont le blues, voilà le résultat d’un rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), rendu public ce vendredi soir. Les chiffres sont éloquents : seuls 65% des militaires du rang renouvellent leur contrat dans l’armée de Terre et 58% dans l’armée de l’Air après un premier contrat (d’une durée de trois à cinq ans en général).
Un défi de première importance
“La fidélisation constitue un défi de première importance” à l’heure où l’armée, mobilisée sur tous les fronts, a d’importants besoins en ressources humaines, relève ce 11e rapport thématique du Haut comité intitulé “La fonction militaire dans la société française”.
Manque de moyens
Pourquoi l’armée ne parvient-elle pas à garder plus d’un militaire sur trois à l’issue de son premier engagement ? “Difficulté à concilier vie militaire et vie personnelle, manque de moyens, crainte d’une perte de compétences techniques et tactiques, lassitude face aux difficultés rencontrées en matière de soutien et d’environnement (infrastructure et hébergement)” : voilà autant de “facteurs négatifs” qui “pèsent sur le moral” des militaires et leur envie de rester dans l’institution, écrit le HCECM.
Manque d’entraînement
Dans le détail, un sujet de préoccupation majeur des soldats inquiète tout particulièrement les auteurs du rapport : le manque d’entrainement des militaires, faute d’équipements disponibles en métropole du fait des multiples engagements en opérations extérieures (Opex).Le Haut Comité indique avoir rencontré des équipages de blindés qui “n’avaient ni tiré, ni manoeuvré avec leur matériel de dotation depuis près de deux ans” et 20% des pilotes de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) ne sont pas aptes à une “mission de guerre” faute d’heures de vol… Se sentant insuffisamment entraînés, les militaires craignent pour leurs compétences et leur vie sur le terrain.
La concurrence du privé
Autre point noirs : la dégradation des infrastructures immobilières et des conditions d’hébergement. Enfin, la concurrence du secteur privé est “forte pour des spécialités de haute technicité”, avec des salaires et des conditions de vie beaucoup plus attractifs. Pour répondre à ces problèmes, le rapport préconise notamment de créer des passerelles entre armée et fonction publique “dont les missions et les responsabilités gagneraient à être en partie exercées par d’anciens militaires”.