« Notre objectif premier est de répondre aux attentes dont nous étions les porte-parole au moment de la campagne municipale autour de l’emploi et de la sécurité, tout en assurant au maximum la sécurité des habitants de Bourges. » Le maire, Pascal Blanc (MR), sait que le sujet est sensible et il le replace donc en perspective.
Une formation drastique de 9,5 jours
Depuis le 1 er janvier, neuf policiers municipaux patrouillent désormais armés d’un 357 Magnum avec, en complément, des pistolets à impulsion électrique équipant chaque patrouille. Ces pistolets imposants, avec des cartouches de 38 millimètres, sont confiés aux policiers municipaux volontaires. Cette première dotation, issue des réserves de l’État, devrait être complétée dans les mois qui viennent par d’autres pistolets afin d’équiper l’ensemble des agents ; soit actuellement vingt-sept personnes. Un effectif que le maire espère développer jusqu’à « quarante agents ».
Les policiers municipaux de six communes du Cher bientôt armés
Pas question pour autant de laisser penser que l’on confie des armes de ce type sans s’entourer de précaution drastique, notamment en matière de formations comme l’explique le directeur de la police municipale de Bourges, Éric Pagenaud : « L’autorisation individuelle de port d’arme est délivrée sur demande du maire, puis par le préfet, à l’issue d’une formation attestée par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Une formation de 9,5 jours durant laquelle l’agent ne tire pas moins de 300 cartouches. Durant cette période, il est également formé aux différents aspects juridiques liés à un port d’arme. Par exemple les cas de légitime défense ».
L’avenir des policiers débattu au conseil municipal de Bourges
Cette formation s’accompagne de l’obligation de disposer d’un certificat médical attestant de la bonne santé mentale de l’agent ; un certificat doublé d’une rencontre avec un psychiatre. Le préalable à ce dispositif est la validation d’une enquête de moralité. Par ailleurs, chaque agent devra participer à deux séances d’entraînement par an.
Si l’on en croit Éric Pagenaud, ancien gardien de la paix à Orléans, la formation des agents est « beaucoup plus contraignante que celle suivie par les élèves policiers durant l’année précédant leur prise de poste ». Ce qui ne veut pas dire que les policiers nationaux ne sont pas bien formés mais bien que toute l’attention est portée pour doter les municipaux des bons réflexes. « Car certains agents n’avaient jamais touché une arme », ajoute le directeur.
Police municipale, enjeu électoral
Ressenti « bien réel, même en plein cœur de Bourges »
Philippe Mercier, maire adjoint à la sécurité, insiste également sur « les contraintes encore plus lourdes que celles de la police nationale » entourant l’armement des policiers municipaux. Armer les municipaux, ce n’est pas une décision prise de « gaieté de cœur » précise même l’adjoint.
Et de préciser : « Nous avons envisagé cet armement bien avant les attentats de 2015, d’abord pour la brigade de nuit [ effective à partir du 1 er janvier 2019, ndlr ] puis, pour ne pas créer deux services distincts, pour l’ensemble des municipaux. Cela a bien entendu provoqué des débats au sein de la majorité municipale avec ce constat que peu connaissaient la réalité du travail des agents. La police municipale évolue, comme ses missions. Nous nous devions de répondre au ressenti de la population en matière de sécurité ». Si ce ressenti existe, la réalité de l’insécurité reste difficile à quantifier d’autant que, pour l’instant, les derniers chiffres de la délinquance n’ont pas encore été publiés. Mais le maire et son adjoint assurent, eux, que ce ressenti est « bien réel, même en plein cœur de Bourges ».
Frank Simon