Des buralistes trompés par deux as de la manipulation
Deux hommes ont été arrêtés par les enquêteurs de la sûreté départementale. Ils auraient manipulé les terminaux de carte bancaire. Résultat presque 20 000 € de préjudice.
Du bagou, une vraie dextérité et en quelques minutes, les 200 € officiellement facturés font des petits ! 1000, 2 000 €… Deux hommes, originaires de Perpignan viennent d’être arrêtés à Toulouse et dans les Pyrénées-Orientales. Les policiers les soupçonnent de onze escroqueries qui ont été commises à Toulouse et Portet-sur-Garonne depuis le mois d’août. Le dernier essai, mardi dans un bureau de tabac du quartier Purpan, à Toulouse, a échoué et a sonné la fin de ce duo.
Surveillé de près par les policiers de la sûreté départementale, un homme âgé de 29 ans a en effet été arrêté à Toulouse mardi après-midi et son complice présumé, âgé de 34 ans a, lui, été interpellé mercredi à Perpignan. Les deux complices ont peut-être, «sans doute», avance une source proche du dossier, écumé bien au-delà des limites de l’agglomération Toulousaine.
Leur technique, «particulière», était suffisamment au point pour tromper les commerçants. Chaque fois qu’ils se présentaient à un guichet pour régler une note, ils utilisaient leurs connaissances des terminaux de paiement des cartes bancaires, ces appareils qui permettent de taper son code secret, pour éditer non pas des tickets de paiement mais des duplicatas. Le buraliste pensait que le paiement était validé à la vue des tickets de paiement qui était en réalité des duplicatas d’une transaction précédente.
Ils ne payaient pas mais gagnaient aux jeux !
Jamais dépourvus de bons arguments, les deux hommes déjà condamnés dans le passé pour «escroquerie» ont convaincu neuf buralistes de fractionner leur paiement. Leurs investissements favoris ? Les paris sportifs qui deviennent forcément intéressants quand on ne mise pas son argent. En plus ça peut rapporter : plus de 7 000 € de gains selon la Française des jeux qui a vérifié la réussite des paris «litigieux». Certains ont été bloqués par les buralistes (lire ci-dessous) qui du coup, doivent assumer les investissements perdus…
Les policiers de la brigade de répression de la délinquance astucieuse ont remonté les deux suspects grâce aux enregistrements des caméras de surveillance de certains magasins. Ces enquêteurs ont découvert que le duo se serait également offert à moindre coût des lunettes de soleil de marque, un tableau et des objets de décoration (!) dans un magasin du centre commercial de Portet. Toujours en appliquant la même méthode.
Dans leur tour de passe-passe, les deux hommes payaient toujours le premier paiement mais cela ne leur a jamais rien coûté. Ils utilisaient des cartes de paiement ouvertes sous une fausse identité… Pratique. En garde à vue, les deux hommes auraient reconnu les faits. Prochaine étape cet après-midi devant le tribunal correctionnel dans le cadre des comparutions immédiates avec le risque de passer les fêtes en prison.
Un buraliste : «Ils m’ont pris 2 400 € en sept minutes»
«Un homme d’une trentaine d’années, bien habillé, est entré dans le tabac pour jouer aux paris sportifs, un lundi soir, début décembre, vers 20 heures», relate un buraliste toulousain victime des escrocs. «Il a effectué un paiement par carte bancaire pour 300 € mais a indiqué à l’employé que le plafond de sa carte était atteint.»
L’homme, visiblement de bonne foi, demande à effectuer d’autres paiements. Par huit fois, il effectue des paiements via le terminal portatif. Huit fois 300 €. À chaque essai la machine délivre un ticket au commerçant avec le montant dû. Pas de quoi s’inquiéter donc. Après la fermeture de l’établissement, le responsable de l’enseigne examine sa caisse. «Il y avait un trou de 2 400 €», relate-t-il.
Un rapide examen du déroulé de la journée et le visionnage des caméras de vidéoprotection lui permettent de comprendre ce qui a pu se passer. «Alors qu’il avait le terminal bancaire entre les mains, il faisait semblant d’insérer sa carte puis manipulait le terminal comme s’il tapait son code. Cet homme devait savoir comment agir car, au lieu de payer, il éditait des duplicatas commençant du vrai paiement effectué.»
Au total, en sept minutes, l’escroc a acquis pour 2 400 € de tickets de paris sportifs avant de quitter les lieux sans être inquiété. Dès le lendemain, le buraliste a déposé plainte au commissariat central. «Nous avons pu faire bloquer les paris par la Française des Jeux, continue la victime. Il y avait des tickets gagnants que personne ne peut toucher et qui n’ont pas été retrouvés. Dans cette histoire, les policiers ont fait du super boulot. J’en veux surtout à la Française des Jeux car les sommes dépensées par l’escroc ne me seront pas remboursées par cet organisme qui a pourtant encaissé l’argent.»