50 000 policiers et gendarmes appuyés par 7 000 militaires
Un credo asséné avec force, comme pour mieux conjurer le climat d’angoisse qui asphyxie cette fin de campagne : « Rien ne doit entraver » le bon déroulement de l’élection présidentielle a serré le poing, hier, au lendemain de la fusillade des Champs-Élysées, le premier Ministre Bernard Cazeneuve (PS). Une priorité absolue qui, bien avant l’attaque des policiers à Paris et l’arrestation de deux terroristes présumés à Marseille, mardi dernier, avait poussé la place Beauvau à échafauder un dispositif « exceptionnel » autour du scrutin de ce dimanche.
Sur l’ensemble du territoire, en effet, ce sont près de 50 000 policiers et gendarmes, appuyés par 7 000 militaires de l’opération Sentinelle, qui seront mobilisés afin de sécuriser 67 000 bureaux de vote. Du jamais vu pour un rendez-vous électoral… Dans le département des Bouches-du-Rhône, même topo avec près de 1 100 policiers et gendarmes chargés de sanctuariser le scrutin et ses abords. Un dispositif jugé « à hauteur de la menace » par la Préfecture et qui n’a pas évolué après les événements parisiens. « C’est plus du double des effectifs consacrés aux dernières élections régionales, en 2015, alors que nous étions déjà en risque terroriste élevé« , insiste un représentant de l’État.
« Vigilance accrue »
« On pourra aussi compter sur les militaires de Sentinelle et d’autres services comme les Bac qui peuvent être conduites à intervenir à tout moment », relève l’institution. La Préfecture précise encore que « ces équipes dynamiques et des hommes en faction » couvriront l’ensemble des 1 538 bureaux du département. Des sites où chaque président aura le numéro de téléphone d’un référent policier ou gendarme et vice-versa, « afin qu’ils puissent échanger le plus rapidement possible en cas de besoin ».
Par ailleurs, le renfort de 20 patrouilles de police municipale et une « vigilance accrue » au Centre de supervision urbain, qui centralise les caméras de vidéosurveillance disséminées dans la ville, ont été actés par la municipalité. « Il ne faut pas non plus créer une panique ou une phobie. Ces terroristes veulent nous faire rentrer dans un système sécuritaire. Mais nous n’y rentrerons pas », gronde Caroline Pozmentier (LR), l’adjointe à la Sécurité. Une élue qui confirme que, contrairement à Nice, ville dirigée par l’allié politique Christian Estrosi (LR), aucun vigile privé ne sera déployé à Marseille.
Enfin, les autorités redoutent, dans une moindre mesure, l’hypothèse de manifestations nocturnes en cas de présence de l’extrême droite de Marine Le Pen au second tour, comme ce fut le cas en 2002 avec la qualification surprise de son père. « Dans ce cas, oui, l’entre-deux tours pourrait être agité. Mais pour l’heure ce n’est ce qui nous inquiète », souffle une source policière.
Du côté de Paris
Tous les bureaux de vote de la capitale qui auront besoin d’un renfort d’agents de sécurité en seront pourvus, a affirmé la mairie de Paris. Hier, 356 bureaux de vote sur les 896 que compte Paris, ont été affectés d’un, ou de plusieurs selon les besoins, agents de sécurité privés mais « nous répondons à l’ensemble des demandes » des mairies qui réclameraient encore des renforts, a ajouté la maire, Anne Hidalgo. La Ville a prévu « en plus, 50 personnes immédiatement mobilisables si le besoin s’en fait sentir dimanche ».
Laurent d’Ancona